PETITE INTRODUCTION A LA PHILOSOPHIE
EAN13
9782200355654
ISBN
978-2-200-35565-4
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
Nathan Université
Nombre de pages
128
Dimensions
18 x 13 x 0,6 cm
Poids
128 g
Langue
français
Code dewey
101
Fiches UNIMARC
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Petite Introduction A La Philosophie

De

Armand Colin

Nathan Université

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Première partie?>Langage et Expérience?>?>I. L'illusion de l'immédiateté?>1. La conscience naïve?>A. Une confiance spontanéeLa conscience naïve a spontanément confiance dans les données sensibles. Ce monde qui se livre à elle dans la perception, elle croit le saisir dans toute sa richesse et sa vérité. Elle lui voue ce que Merleau-Ponty appelle une « foi perceptive » primordiale. Sa relation au monde est d'abord une relation d'appartenance et elle croit que les choses sont telles qu'elle les voit. Cette puérilité acquiert par l'habitude la force de l'évidence et conduit tout naturellement à des jugements erronés. L'état d'enfance, source de préjugés et d'erreurs, est dénoncé par Descartes comme l'obstacle à surmonter (cf. chapitre 2). L'enfant est gouverné par un sensualisme qui le pousse à imaginer spontanément que voir, c'est savoir et que la certitude immédiate est le signe de la vérité. Descartes illustre ainsi la crédulité de l'âme enfantine :« Et parce que les étoiles ne lui faisaient guère plus sentir de lumière que des chandelles allumées, elle n'imaginait pas que chaque étoile fût plus grande que la flamme qui paraît au bout d'une chandelle qui brûle. Et parce qu'elle ne considérait pas encore si la terre peut tourner sur son essieu, et si sa superficie est courbée comme celle d'une boule, elle a jugé d'abord qu'elle est immobile, et que sa superficie est plate. » Descartes, Les principes de la philosophie, I, article 71B. Une désillusion inévitableLa conscience sensible est le plus bas degré de la conscience et elle est appelée à s'élever à la conscience de soi et à la raison par l'expérience de la déception qu'elle ne peut pas ne pas faire. C'est ce qu'explique Hegel dans le chapitre sur « La certitude sensible »étape qui inaugure l'itinéraire de la conscience dans La phénoménologie de l'esprit. La conscience accueille en elle les données sensibles telles qu'elles s'offrent à elle, sans rien en écarter, « dans une appréhension indépendante de toute conception ». Elle croit saisir l'objet « dans toute sa plénitude » et en avoir ainsi la connaissance la plus riche, mais aussi la plus vraie. Mais ce « savoir immédiat », qui est aussi « savoir de l'immédiat », se révèle vite le contraire de ce qu'il prétendait être et la conscience fait l'expérience de la désillusion. Car « cette certitude se révèle expressément comme la plus pauvre vérité. De ce qu'elle sait elle exprime seulement ceci : il est ; et sa vérité contient seulement l'être de la chose. » La conscience éprouve bien en elle l'être de la chose, de façon immédiate, mais elle ne peut rien en dire, car le langage est médiation. Parler d'un être, ce n'est pas le donner dans sa singularité. Éprouver sans rien pouvoir affirmer, c'est être enfermé dans l'ineffable, et cette immédiateté de la relation que l'on croyait la plus riche se révèle la plus pauvre. Le langage dissipe l'illusion de l'immédiateté. Parler, c'est médiatiser le réel : on fait passer ce dont on parle de l'univers sensible et muet des choses au monde humain du sens. Mais, ce faisant, on perd l'être sensible que l'on visait. Contre ceux qui croient que l'on peut dire le sensible comme tel, Hegel affirme que « ce qu'ils visent, ils ne le disent pas ».« Si d'une façon effectivement réelle ils voulaient dire ce morceau de papier, qu'ils visent, et s'ils voulaient proprement le dire, alors ce serait là une chose impossible parce que le ceci sensible qui est visé est inaccessible au langage qui appartient à la conscience, à l'universel en soi. Pendant la tentative effectivement réelle pour le dire, il se décomposerait. » Hegel, La phénoménologie de l'esprit, A. « Conscience », I. « La certitude sensible »2. Déception et dépassement?>A. La négativité de l'expérienceL'expérience que fait la conscience est donc celle de la déception. L'immédiat n'existe pas. Le doute et le désespoir s'emparent d'elle : la chose sensible se dérobe et s'évanouit dès que l'on croit la saisir. Les animaux eux-mêmes savent cela :
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