Cinq ouvrages, cinq auteurs, cinq architectes

Quelle est la psychologie de l'habitant des grandes villes ? Son rythme de vie est-il à l'origine de son individualisme ? Comment s'adapte-t-il aux normes de la société ?


Du massif central au bosphore

Metis

Le voyage scientifique possède les vertus correspondant aux ambitions de la question : d’indice en indice, il débusque les énigmes de l’époque et laisse se dessiner ce qui n’apparaît encore qu’indistinctement. Architecture et grande échelle est le résultat d’un tel voyage. Sillonnant les villes européennes selon une courbe géographique qui relie Clermont-Ferrand, Milan, Ljubljana, Belgrade, Sofia, Thessalonique et Istanbul, cette enquête en mouvement interroge des thèmes forts : les procédures architecturales à l’ère de la cybernétique ; le rôle politique du patrimoine et le concept d’espace populaire ; le statut des paysages minés par les bouleversements économiques. Entre le récit de voyage et l’essai scientifique, une mutation de l’intelligence globale des phénomènes urbains émerge. La grande échelle n’existe que comme constellation d’échelles multiples : on ne peut en faire la carte, toute topographie étant désormais impossible. L’espace mental où s’élaborent les ruptures d’échelle connaît aujourd’hui un saut qualitatif duquel dépendra la part qui sera accordée aux sciences de l’espace et aux arts de la construction.


La grande métamorphose

Editions de l'Aube

Les villes organisaient l'espace – du centre et de la périphérie, de la continuité et de la métrique –, un ordre juridique, politique et social, un système économique. Elles s'adossaient le plus souvent à un territoire rural qu'elles commandaient. À l'âge d'internet et du GPS, l'espace change radicalement dans l'usage que nous en faisons et dans son rôle d'organisateur de notre rapport au monde. Métapolis opère un basculement de la ville matérielle dans le monde virtuel. La société « hypertexte » qui la caractérise se fait et se défait sans cesse et pratique l'ubiquité, comme le montre le flux permanent de photographies qui circule sur les smartphones. Les grandes régions urbaines vivent dans une logique de l'offre (marchande ou non) et de la régulation (politique ou non) sous forte contrainte d'incertitude. Ce livre interroge : les méthodes et les savoirs actuels de la ­production urbaine, publique ou privée, sont-ils en mesure d'y répondre ? Alain Bourdin est sociologue et urbaniste, professeur des universités à l'Institut français d'urbanisme, qu'il a dirigé. Il est ­l'auteur de plusieurs ouvrages dont, chez le même éditeur, La métropole des individus et L'urbanisme d'après crise.



Depuis longtemps, Jean-Christophe Bailly s’intéresse à la ville. Il s’y promène, y rêve, l’observe et l’analyse. Il en a le souci, et le désir. L’avenir de la cité lui importe. L’ensemble des textes ici réunis en un parcours chronologique vont de l’approche théorique – définition, par exemple, de ce qu’est une « phrase urbaine », ou un phrasé, ou encore tentative d’élucidation de ce que l’auteur appelle « le mystère de la tonalité locale » – à des considérations plus concrètes, notamment sur la politique de la ville et la question des banlieues. Mais sans que jamais ne soit abandonnée une approche plus sensible faisant la part belle à la promenade comme méthode, soit cela même à quoi les lecteurs du Dépaysement ont été familiarisés.

Au long des chapitres, ce n’est pas une image donnée une fois pour toutes de la ville qui se dégage : défini comme un devenir illimité, aux bords de plus en plus imprécis, le phénomène urbain est abordé comme un énorme puzzle dont toutes les pièces ne coïncident pas toujours forcément entre elles, ne serait-ce qu’à cause de l’écart et de la séparation entre les « pièces montées » de l’architecture et le buissonnement bricolé de la ville s’inventant et se réécrivant sans fin.