Lectures d'été et au-delà - La sélection des libraires

L'année touche à sa fin et les rythmes ralentissent. Le moment parfait pour vous rappeler tous les livres qu'on a vu passer et qu'on a adorés, vous entretenir de ceux qui nous sont chers et qu'on aimerait vous voir adopter sur la plage. Des livres publiés cette année ou bien avant.
Rendez-vous donc à la librairie pour découvrir la petite sélection que vos libraires ont concoctée!

traduit du russe par Sophie Benech<br />

Efim Etkind

Interférences

Ce petit livre nous conte l’étonnante histoire d’une traductrice russe passionnée de poésie anglaise qui, arrêtée pendant la guerre de 40, traduisit le Don Juan de Byron (17 000 vers) dans une cellule du NKVD.

Le destin de Tatiana Gnéditch, par ailleurs descendante du traducteur de L’Iliade en russe, illustre la place de la poésie dans la résistance intérieure aux dictatures : Tatiana Gnéditch a survécu à la prison et au camp grâce au poème de Byron. Et sa passion pour la littérature est devenu le catalyseur des aspirations à la liberté et à la beauté de ceux qui, plus tard, ont lu les 100 000 exemplaires de sa traduction.


L’auteur, Efim Etkind (1918-1999), théoricien de la traduction et historien de la littérature, est un dissident qui émigra en France dans les années 70. Ami de Iossif Brodsky et de Soljénitsyne, il fut professeur à Paris X pendant une vingtaine d’années.



Au début des années 1960, le folkloriste William Ferris décide de sillonner les villes et lescampagnes du Mississippi afin d’enregistrer le blues de sa région natale. Équipé d’unmagnétophone, d’un appareil photo et d’une caméra, il parcourt les églises, les fermescotonnières, les prisons et les clubs du delta. Il collecte ainsi, durant deux décennies,des heures de musique et les témoignages de la communauté noire, dans une Amériqueencore ségrégationniste.Les Voix du Mississippi, livre-disque composé de 336 pages illustrées, d’un CD de 22 titreset d’un DVD de 6 films documentaires, rassemble les entretiens, la musique et les imagescollectés par William Ferris au cours de ces rencontres.


Anthropologie historique d'un massacre d'État

Folio

8 février 1962 : en réaction à l'offensive terroriste de l'OAS, une manifestation se heurte à la violence voulue de l'État. À la station de métro Charonne, devant les portes ouvertes, on relèvera neuf morts sous les coups de la police. Au-delà de la reconstitution des faits avérés, Alain Dewerpe pose des problèmes historiques d'un ordre plus général dans un livre qui servira de modèle à d'autres. Il traite d'abord de la violence d'État en démocratie représentative : organisé ou non, planifié ou non, le meurtre politique fait partie de l'outillage des actes d'État ; il a, même obscures ou contournées, ses raisons et son efficace. Il pose la question du scandale civique : à quoi l'État a-t-il droit ? L'affaire pourrait se dénouer par la mise en place d'un récit moralement et politiquement fondé et partagé. Or, à travers une version d'État mensongère jusqu'à nos jours, ce règlement est demeuré historiquement instable. Il ouvre également sur les usages politiques et sociaux de la mort : la manifestation-obsèques du 13 février fut un des plus considérables rassemblements dans la France du XXᵉ siècle. Comment comprendre alors que cette mémoire du massacre, faite de commémorations mais aussi de censures, de souvenirs mais aussi d'oublis, s'est effritée devant d'autres événements traumatisants de la guerre d'Algérie ? Faut-il l'écrire ? Cet ouvrage est unique en son genre.
Alain Dewerpe est directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales.


Depuis plusieurs années, Clémentine Mélois collectionne les listes de commissions trouvées dans la rue. Chaque trouvaille est pour elle prétexte à se raconter une histoire. Qui est l’auteur ? Quels sont ses rêves, ses envies ?
À partir d’une sélection de 99 listes (reproduites en image et en couleur), voici un portrait drôle et tendre d’hommes et de femmes qui se confient à la première personne, parlent de leurs vies, de nos vies. Grâce à la fiction, la réalité la plus prosaïque donne lieu à l’imagination la plus poétique.