Soirée Sine Qua Non : La bibliothèque urbaine essentielle de Patrick Varetz
Les villes dystopiques
«- Dans quel village me suis-je égaré ? Y a-t-il donc ici un château ?- Mais oui, dit le jeune homme lentement, et quelques-uns des paysans hochèrent la tête, c'est le château de M. le Comte Westwest.- Il faut avoir une autorisation pour pouvoir passer la nuit ? demanda K. comme s'il cherchait à se convaincre qu'il n'avait pas rêvé ce qu'on lui avait dit.- Il faut avoir une autorisation, lui fut-il répondu, et le jeune homme, étendant le bras, demanda, comme pour railler K., à l'aubergiste et aux clients : - À moins qu'on ne puisse s'en passer ?...»
Un linguiste nommé Budaï s'endort dans l'avion qui le mène à Helsinki pour un congrès. Mystérieusement, l'appareil atterrit ailleurs, dans une ville immense et inconnue de lui. Surtout, la langue qu'on y parle lui est parfaitement inintelligible. Ni la science de Budaï - il maîtrise plusieurs dizaines de langues - ni ses méthodes de déchiffrement les plus éprouvées ne lui permettent de saisir un traître mot du parler local. Tandis qu'il cherche désespérément à retrouver sa route, le mur d'incompréhension se resserre. Sous les apparences familières d'une grande cité moderne, tout paraît étrange et inhumain. Au plus profond de l'incommunicabilité, Budaï fait un séjour en prison, connaît des amours éphémères et participe même à une insurrection à laquelle il ne comprend décidément rien.Cauchemar oppressant et férocement drôle, Épépé réveille en nous la plus forte des hantises : devenir étrangers au monde qui nous est le plus familier.
Nouvelle édition en 2005
« Au fil du temps, Épépé devrait prendre la place qui lui revient dans la bibliothèque vivante du XXᵉ siècle, sur la même étagère que Le Procès ou 1984. » G.O. Châteaureynaud. Nouvelle édition.
Epépé
De Ferenc Karinthy
Traduit par Judith Karinthy, Pierre Karinthy
Préface de Emmanuel Carrère
Zulma
Budaï, brillant étymologiste hongrois, se rend à Helsinki pour un congrès de linguistique lorsque son avion atterrit inexplicablement dans une mégalopole inconnue. Impossible pour Budaï d’en sortir ou d’en saisir l’énigmatique langage, lui qui maîtrise pourtant plusieurs dizaines d’idiomes. Prisonnier de cette ville qui le harponne autant qu’elle nie son existence, Budaï fait la fort heureuse rencontre d’Épépé, si tant est que tel soit son prénom ! , une douce liftière auprès de laquelle il tente désespérément de comprendre ce monde cauchemardesque et indéchiffrable… où survivre, quand on est étranger, devient une épopée infernale
Épépé, paru pour la première fois en Hongrie en 1970 et en France en 1996, est sans conteste un immense chef-d’oeuvre.
(Texte provisoire) Dans le sud de la France, sur les hauteurs de Cannes, le parc d'activité international Eden-Olympia - « cité de l'intelligence » et « future Silicon Valley européenne » - accueille des multinationales et leurs cadres supérieurs, attirés par la beauté du lieu, l'impression d'efficacité et de sécurité qu'il dégage. C'est dans ce cadre idyllique que Paul Sinclair accompagne, à bord de sa Jaguar millesimée, sa jeune femme médecin Jane, choisie pour remplacer le docteur David Greenwood au poste de pédiatre de la luxueuse clinique ratachée au parc. Ledit David Greenwood a défrayé la chronique en assassinant dix personnes - dont sept cadres supérieurs - au cours de ce qui semble avoir été une crise de folie soudaine, avant de retourner son arme contre lui. Tandis que sa femme s'immerge dans un travail harassant, Sinclair, qui se remet des suites d'un accident d'avion, investit son temps libre dans l'exploration d'Eden-Olympia, microcosme chargé de secrets. Surveillé de près ou de loin par l'énigmatique vigile Frank Halder, il finit par reconstituer le mortel parcours de David Greenwood et découvre, à l'écart du monde contingent, une étrange culture d'entreprise. J.G. Ballard montre dans ce roman jusqu'à quelles extrêmités peuvent mener les rêves de capitalisme à outrance, et laisse entrevoir un ultime moyen d'y échapper. Empruntant au roman noir, il développe avec maestria un nouveau type de « critique sociale », après ses romans Sauvagerie et Cocaine Nights (également republiés dans la collection Souple). Super-Cannes a été l'un des succès internationaux de l'auteur de Crash ! et Empire du Soleil (adaptés au cinéma par David Cronenberg et Steven Spielberg).