Sine Qua Non: la bibliothèque de Roberto Ferrucci

Les soirées Sine Qua Non chez Meura? L'occasion de découvrir la bibliothèque idéale, personnelle ou essentielle d'un auteur. Aujourd'hui, place à Roberto Ferrucci.
Soucieux à la fois de raconter notre monde et de ne rien céder à la qualité de l'écriture, cet écrivain italien, traducteur de Jean-Philippe Toussaint et Patrick Deville, a ainsi publié quatre titres au style sensible. Inquiétude face à la marche du monde, éloge de l'amitié, hommage aux maîtres et à la puissance de la littérature, autant de thèmes chers à Roberto Ferrucci et qu'on retrouve dans les livres sélectionnés pour cette bibliothèque personnelle. A vous de les découvrir.

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Un jeune homme fait une enquête sur un intellectuel mort une quinzaine d'années plus tôt et qui a la particularité de n'avoir rien publié de son vivant. Cette figure de l'intégrité, de l'exigence littéraire, est un personnage qui a existé : Roberto Bazlen, dont les écrits retrouvés ont paru à titre posthume. Mais il s'agit d'un prétexte car du véritable Roberto Bazlen peu de chose sera dit, bien que le narrateur interroge minutieusement toutes les personnes qui l'ont connu. Parmi elles, deux femmes qui vont revivre une amitié demeurée intense dans leur souvenir. De Trieste, l'enquêteur est conduit par sa recherche à Londres, à Wimbledon dont le stade vide va jouer le rôle de révélateur.
Ce roman symbolique, singulier, plein de charme et d'intelligence, a immédiatement frappé des écrivains comme Alberto Moravia, Ferdinando Camon et Italo Calvino.
Au fil des ans, ce roman de Daniele Del Giudice publié en 1983 est devenu un livre culte.
Le Stade de Wimbledon a été porté à l'écran en 2002 par Mathieu Amalric avec Jeanne Balibar dans le rôle principal.


«Je parlais des corps, dis-je, peut-être sont-ils comme des valises, nous y transportons nous-mêmes.» Ce livre pourrait servir de guide aux amateurs de parcours incongrus. Car il y a quelque chose d’insensé dans la recherche obstinée d’un ami disparu dans une Inde tour à tour inquiétante, hallucinée et fascinante, où l’on croise des devins dans l’autobus, des prostituées ou encore des jésuites portugais. Mais de rencontres paradoxales en coïncidences mystérieuses, des chambres d’hôtel miséreuses de Bombay aux luxueux resorts de Goa, une logique singulière se révèle dans l’obscurité de la nuit. Un classique moderne, prix Médicis étranger 1987,
adapté au cinéma par Alain Corneau.
Un classique moderne, prix Médicis étranger 1987, adapté au cinéma par Alain Corneau.


Lorsque j'ai commencé à passer mes après-midi dans la salle de bain, je ne comptais pas m'y installer ; non, je coulais là des heures agréables, méditant dans la baignoire avec le sentiment de pertinence miraculeuse que procure la pensée qu'il n'est nul besoin d'exprimer. « Une exception, une merveille : l'éclosion d'un écrivain inclassable et parfait. Jean-Philippe Toussaint, 28 ans, a écrit quelque chose qui n'est ni une chronique ni un roman, mais une histoire picaresque version compacte, un bric-à-brac d'émotions et de détails saugrenus, une sorte de miracle qui tient sur le ton et non pas sur l'histoire. Pour situer cet auteur minutieux, pince-sans- rire, on songe à Keaton, à quelque chose qui rôde entre Salinger, les nouvelles du New-Yorker, quelques récits du meilleur Kafka. C'est sensible, fin, intelligent, si peu roman-français-de-la-rentrée qu'on est éberlué de cette trouvaille. On prend un plaisir étonnant à ce livre au charme acide, constamment humoristique, qui procure des délectations secrètes. » (Jacques-Pierre Amette, Le Point)La Salle de bain est le premier roman de Jean-Philippe Toussaint, paru en 1985 et traduit en 25 langues.


Cherokee, deuxième roman de Jean Echenoz, a reçu le prix Médicis en 1983. Georges Chave, né à Ivry-sur-Seine le jour de la bataille d'Okinawa, domicilié à Paris dans le 11e arrondissement. Vit de peu. Meuble son existence d'une activité de bars, de cinémas, de voyages en banlieue, de sommeils imprévus, d'aventures provisoires. Écoute souvent des disques américains ; l'un de ces disques lui manque, une version rare de Cherokee, qu'on lui a dérobé il y a dix ans. Tout cela n'est rien, mais il s'en contente jusqu'à ce que Véronique surgisse dans sa vie. Dès lors Georges s'agite un peu.


«Ce livre est né du désir de lecture. Je me suis mis à l'écrire en pensant aux livres que j'aimerais lire. Je me suis dit alors : la meilleure façon d'avoir ces livres c'est de les écrire. Pas un livre, mais dix, l'un après l'autre, et tous à l'intérieur du même livre. Et chaque fois que je commençais, dans ce roman, un nouveau roman, ce qui me poussait, c'était encore et toujours le désir de lecture. J'ai vraiment voulu faire le livre du lecteur. Pas seulement parce que le lecteur est le seul véritable héros de ce livre, mais aussi parce que c'est son désir (et pas seulement le mien) de lecture qui dicte les différents livres.» Italo Calvino (1979) Si une nuit d'hiver un voyageur fut publié pour la première fois en juin 1979. Il est vite devenu un grand classique de la littérature du XXᵉ siècle.
Traduction nouvelle
Si par une nuit d'hiver un voyageur fut publié pour la première fois en juin 1979. Il est vite devenu un grand classique de la littérature du XXᵉ siècle.

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