Le jugement pratique

La notion aristotélicienne de phronèsis met en évidence une spécificité de la raison pratique. Celle-ci a été constamment reconnue au long des siècles, en dépit des avatars de la phronèsis face à l’évolution de l’esprit scientifique jusqu’à la techno-science et la société de l’information contemporaines. Les thèses d’Aristote prennent place dans une histoire retracée ici à gros traits, des Présocratiques à Kant et à la scène herméneutique, phénoménologique et analytique d’aujourd’hui.
D’une part, le présent recueil inscrit l’actuel intérêt pour la notion aristotélicienne dans une histoire tout au long de laquelle la rationalité de l’action est toujours parvenue à se dire dans ce qu’elle a de propre. Il montre, d’autre part, que le jugement, cette aptitude mentale très humaine et finie, constitue le noeud des débats contemporains et le coeur de la pratique elle-même. « Juger droit et juste », voilà qui est à la fois au centre et à la marge des discussions en cours sur l’agir humain. Au centre, parce que c’est cette aptitude qu’il est besoin d’éclaircir, si l’on veut affronter les enjeux vitaux de tous ces débats. Mais à la marge, parce que c’en est le non-dit ou la tache aveugle. C’est ce que suggèrent l’ensemble des textes réunis ici et les grands textes de la tradition qu’ils étudient.