Élégies imaginaires, Œuvres poétiques complètes
EAN13
9782931057049
ISBN
978-2-931057-04-9
Éditeur
Vies parallèles
Date de publication
Nombre de pages
800
Dimensions
20,3 x 12,5 x 4 cm
Poids
702 g
Langue
français
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Élégies imaginaires

Œuvres poétiques complètes

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Vies parallèles

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« C’est mon vocabulaire qui m’a fait ça »

Telle est la dernière phrase que Jack Spicer, sur son lit de mort, aurait dite à Robin Blaser, son compagnon de route. « C’est mon vocabulaire qui m’a fait ça » (ou, en fonction de l’intonation, « Mon vocabulaire m’a fait ça à moi ») : cette phrase, qui résonne comme une épitaphe, illustre à elle seule l’univers de Jack Spicer. Ce que le poète entend par là, par « faire », n’est nullement de l’ordre de la métaphore ni une façon plus ou moins adroite de traduire originalement la classique idée de l’opérativité du langage. Il ne s’agit pas de lire dans chacun des termes de cette phrase autre chose que ce qu’ils évoquent et à quoi ils seraient censés renvoyer. Il ne s’agit pas non plus d’y déceler une autre formulation, profane, d’un logos créateur par lequel le réel s’instancierait. Quand Spicer dit que le vocabulaire « fait » quelque chose, c’est bien, « tout simplement », qu’il « fait » quelque chose. Qu’il fabrique. Que le langage dispose bien d’une existence propre et qu’il a un réel pouvoir sur les gens. Il n’est pas « parlé par des gens », ni même n’émane d’eux. Le langage est un monde à part, autonome.
Pour Spicer, le poète n’est alors qu’une forme de réceptacle/émetteur à travers lequel une parole parle. Le poète est une radio. À l’exact opposé de l’idée d’une poésie surgissant de l’intérieur, la poésie, selon Spicer, vient de dehors. Et cela, encore une fois, n’est nullement à entendre de façon métaphorique ou imagée :

« Je ne crois pas que cela a quelque chose à voir avec ce qui est dans mon cerveau. Je crois qu’il y a quelque chose DEHORS. Je crois réellement à cela. »
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