Les guerres que j'ai vues
EAN13
9782267022278
ISBN
978-2-267-02227-8
Éditeur
Christian Bourgois
Date de publication
Collection
Titres
Nombre de pages
320
Dimensions
20 x 12 x 1,5 cm
Poids
230 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais
Code dewey
818.5203
Fiches UNIMARC
S'identifier

Les guerres que j'ai vues

De

Traduit par

Christian Bourgois

Titres

Indisponible
Présentés comme les souvenirs de guerre d’une Américaine en France, Les guerres que j'ai vues constituent la suite des mémoires de guerre de Gertrude Stein, qu'elle écrivit juste après Paris-France. Grâce à l'appui de leurs amis français de Paris, Gertrude Stein et sa compagne Alice B. Toklas sont allées se réfugier à Bilignin, petit village du Bugey, près de Belley. Ses souvenirs relatent au quotidien les années sombres de l'Occupation, quand chacun vivait dans la terreur des Allemands. Au-delà de son histoire personnelle, Gertrude Stein, intarissable francophile, raconte, dans ce témoignage exceptionnel et chaleureux, l'histoire dramatique que traverse alors la France, sans jamais perdre l'espoir en des jours prochains meilleurs. « La guerre n'est jamais fatale mais elle est toujours perdue. Toujours perdue. Tout en disant cela, ils se savaient sincères. Toujours perdue. Cela me ramène à l'époque où, de huit à douze ans, j'ai lu quantité de livres, j'ai lu tous les drames historiques de Shakespeare ainsi que ses autres pièces. De plus en plus cette guerre, en 1942-1943, s'apparente à cela. Les horreurs, les terreurs, les terreurs de tous et l'impuissance de ces terreurs rapprochent cette guerre, si différente des antres, des drames de Shakespeare. La guerre de 1914-1918 n'était pas du Shakespeare tandis que celle-ci, n'ayant aucune signification, fait que le néant devient tangible. Lorsque, je lisais Shakespeare entre huit et douze ans, je baignais dans tout cela sans trop y croire, et de même par la suite, quand je découvris davantage de sens, davantage d'épouvante. Mais dans les pièces de Shakespeare il n'existe pas de signification, il n'existe pas d'épouvante, il n'y a que le chaos et la peur, tout comme à l'heure actuelle. »

Née en Pennsylvanie en 1874, Gertrude Stein s’est installée en France avec son frère Léo en 1903. Ensemble, ils ont assemblé une des premières collections d’art cubiste, comptant notamment des œuvres de Picasso, qui fera d’ailleurs son portrait, Matisse et Derain. Dans les années 1920, le salon de l’appartement de la rue de Fleurus, qu’elle partageait avec Alice B. Tokias, attirait l’avant-garde artistique, et les auteurs américains de la « génération perdue ».

Nourrie de ces influences diverses, son œuvre écrite se présente comme un itinéraire à travers tous les genres littéraires ressaisissant un chaos de langage à partir duquel elle forge des matériaux poétiques, romanesques, dramatiques ou encore lyriques. Avec The Making of Americans, elle appréhende d’un seul souffle son histoire personnelle et celle des États-Unis. À partir des années 1950, ses textes nourrissent le travail de nombreux artistes dont les propositions ont renouvelé les formes théâtrales et lyriques : Julian Beck et Judith Melina fondateurs du Living Theater (Doctor Faustus Lights the Lights, 1951), Robert Wilson, Richard Foreman (Faust ou la Fée électrique), The Wooster Group (House/Lights, 1994) ou encore Pascal Dusapin et James Turrell dont l’opéra To Be Sung a été produit pat l’Atem en 1994.Elle est morte à Paris en 1946.

Ce texte est réédité, au format de poche, dans la collection « Titres », à l’occasion de la grande exposition consacrée à la famille Stein et à leur activité de collectionneurs aux galeries nationales du Grand Palais du 5 octobre 2011 au 16 janvier 2012.

En effet, parallèlement à ses écrits, Gertrude Stein a noué des relations privilégiées avec certains peintres de l’avant-garde parisienne qu’elle a soutenu dès leurs débuts avec son frère Léo (avec qui elle s’est installée rue de Fleurus) et Michael (qui réside avec son épouse Sarah rue Madame). Ils ont ainsi été les premiers acheteurs des œuvres de Matisse et de Picasso. Dans cette mouvance, ils ont accueilli chez eux une grande partie de l’avant-garde artistique , parmi lesquels Renoir, Cézanne, Picasso, Matisse, Manguin, Bonnard, Vallottin, Laurencin, Gris, Masson, Picabia, et ainsi constitué une des plus étonnantes collections d’art moderne.

« Je me demande si je dois parler des choses dont je ne me souviens pas comme de celles dont je me souviens. Tout d’abord, ma naissance, dont je me souviens pas, mais qui ma souvent été racontée. Je ne suis pas née pendant la nuit, mais vers huit heures du matin, et mon père, quand ça n’allait pas, me grondait en me disant que, dès ma naissance, j’étais un véritable bébé. Je ne sais si les quatre enfants vivants et les deux enfants morts qui m’avaient précédée n’en avaient pas fait autant ; en tout cas, mon père ne leur a jamais fait ce reproche. Enfin, bien que je ne l’ai pas du tout de suite, il est certain que j’étais la plus jeune, et, de ce fait, j’avais naturellement des privilèges : on me choyait parce que j’étais la plus petite. C’est un avantage qui ne se perd plus jusqu’à la fin de la vie : vous êtes privilégié, et personne ne peut s’empêcher de s’occuper de vous ; c’est ainsi que j’étais, c’est ainsi que je suis encore, et les privilégiés aiment les privilèges. Je les aimais, je les aime toujours. » Gertrude Stein
S'identifier pour envoyer des commentaires.