CIA : cinq années de colère, 2001-2006
EAN13
9782200347093
ISBN
978-2-200-34709-3
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
DD.ANT.COLIN GP
Nombre de pages
192
Dimensions
22,5 x 14 cm
Poids
224 g
Langue
français
Code dewey
327
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CIA : cinq années de colère

2001-2006

De

Armand Colin

Dd.Ant.Colin Gp

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Maquette de couverture : atelier Didier Thimonier

Maquette intérieure : Dominique Guillaumin

© Armand Colin, 2007

http://www.armand-colin.com

Armand ColinÉditeur• 21, RUE DU MONTPARNASSE • 75006 PARIS

9782200279349 — 1re publication

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Les États-Unis : grande puissance européenne, Armand Colin,

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La Dynastie des Bush, Grancher, 2003.

La CIA en guerre, Allende, Gorbatchev, Ben Laden, Saddam

Hussein, Grancher, 2003.

Nixon, le président maudit, Grancher, 2001.

Histoire des Roumains, Fayard, 1995.

La Trahison (roman), Éditions de l'Aube, 1996.

Le Bel Été des camarades (roman), Michalon, 1999.

Pour Hugo Balthasar, Thomas Henri

Pour George F. Jewsbury

Et Geneviève

1Nuages

« Nous savions tous que tuer Ben Laden ne signifierait pas la fin d'Al-Qaida. Mais que, immédiatement après sa disparition, cela retournerait l'opinion contre nous. Nous étions sûrs qu'il deviendrait un martyr populaire comme le communiste sud-américain Che Guevara après que la CIA l'a pris en chasse et liquidé en Bolivie. »

Richard A. Clarke, 20041

Le danger est proche, les signes avant coureurs n'ont pas manqué. Certains tout proches, à portée de mémoire, et d'autres, qui ont tourmenté Bill Clinton, un peu plus lointains.

Le 12 octobre 2000, une dépêche tombe : le destroyer américain USS Cole vient de faire l'objet d'une attaque terroriste à Aden, au Yémen. Un bateau-suicide de petite taille mais bourré d'explosifs a heurté le flanc du puissant navire de guerre. L'explosion est si forte qu'elle est ressentie à plusieurs centaines de mètres de là. Le flanc déchiré par un trou béant de plus de douze mètres de large, le navire prend l'eau et se met à gîter dangereusement. Six marins américains sont tués sur le coup, trente-six sont blessés, 11 portés disparus. Bill Clinton raconte dans ses mémoires comment, la veille, le 11 octobre, il est allé rejoindre Hillary dans leur résidence de Chappaqua pour fêter leur vingt-cinquième anniversaire de mariage. Atmosphère en douceur un peu mélancolique : leur fille Chelsea termine ses études, Bill croit en la prochaine élection d'Hillary ; il voit l'avenir avec optimisme. Cette brève rêverie est brisée par l'annonce de l'attentat terroriste... Le président réagit : la CIA est chargée de l'enquête ; Clinton envoie des fonctionnaires du Département d'État, de la Défense et du renseignement intérieur, le Federal Bureau of Investigation (FBI), au Yémen ; le président Ali Abdallah Saleh promet de coopérer pleinement à l'enquête et de traduire les meurtriers en justice... De son côté, Madeleine Albright, la secrétaire d'État, « Madam Secretary », n'hésite pas à parler de « tragédie ».

À Norfolk en Virginie, le port d'attache du USS Cole, l'émotion est profonde, relayée par CNN et son émission du dimanche, « Sunday Morning News » : les familles et les amis des membres de l'équipage se sont réunis pour attendre l'arrivée d'un vol venant d'Allemagne qui transporte les blessés. Une brève cérémonie d'accueil est prévue sur la base aérienne. La veille, les corps des victimes décédées sont arrivés à Dover Air Force Base, au Delaware. En ce dimanche 15 octobre, CNN ne dit rien d'une quelconque colère contre un ennemi, contre un coupable, contre Ben Laden.

L'attentat a semblé surprendre. Pourtant, George Tenet, alors à la tête de la CIA, savait. Depuis sa nomination, il n'a cessé de redouter ce type de drame, comme une obsession. Depuis des années les intérêts américains à l'étranger sont la cible d'Al-Qaida. Des années déjà que la présidence Clinton a multiplié les efforts et pris les mesures qui auraient dû permettre la capture du chef militaire et financier d'Al-Qaida, Oussama Ben Laden. De son côté, l'Amérique profonde se sent menacée sans avoir une conscience précise de ce que recouvre ce danger. L'attentat qui l'a bouleversée et qui a retenu les téléspectateurs devant les écrans de télévision est celui d'Oklahoma City qui a visé le cœur du bâtiment fédéral Alfred P. Murrah, le 19 avril 1995, faisant 168 morts et des milliers de blessés. Ce matin-là, le drame s'est produit en plein centre d'une Amérique tranquille. Le coupable, un jeune Américain blanc, Timothy McVeigh, ancien militaire, a été immédiatement arrêté. Après la première guerre du Golfe, McVeigh a quitté l'armée et s'est laissé prendre par la passion du maniement des armes à feu. Reconnu coupable au terme d'une enquête menée par le FBI (l'attentat ayant eu lieu sur le sol américain), McVeigh sera condamné à mort et exécuté le 11 juin 2001 au centre pénitentiaire fédéral de Haute Terre dans l'État de l'Indiana. Rebelle, sans remords, il ne manifesta lors de son procès aucune compassion pour les victimes, leurs familles, au point de reprendre, dans un dernier message, le poème du Britannique W. E. Henley, Invictus, se terminant par ces mots : « Je suis le seul maître de mon destin ; je suis le capitaine de mon âme. » Les Américains ont pleuré les victimes ; le président et son épouse sont venus assister à la cérémonie funèbre, visiblement bouleversés. Le prédicateur Billy Graham, bien connu des médias et proche conseiller spirituel de la Maison Blanche, s'est adressé aux fidèles en affirmant : « l'esprit de cette ville, l'esprit de cette Nation ne seraient pas vaincus. » Face à ce drame, le deuil est sincère, profond. Une telle haine de la part d'un citoyen américain blanc, ancien soldat de la guerre contre Saddam Hussein ; une telle rage mise à tuer des Américains innocents, parmi lesquels nombre de tout jeunes enfants gardés à la crèche située dans le bâtiment fédéral, fait l'effet d'une blessure, douloureuse, profonde. Dans les heures qui ont suivi le drame, de la ville voisine de Tulsa, les bénévoles se sont précipités sur les lieux de l'attentat, pour apporter leur secours, témoignage d'une solidarité spontanée et authentique, toute aussi vive que l'indignation face au crime et que la compassion pour les victimes. La personnalité de Timothy McVeigh, porteur d'une révolte viscérale contre le gouvernement fédéral, renvoyait à une inquiétude de fond sur l'évolution de la société. C'est ce que l'écrivain américain Robert D. Kaplan a appelé Un empire de barbarie (An Empire Wilderness) dans un livre-reportage sur les États-Unis publié en 1998. Et c'est cette barbarie interne qui fait peur. Ce malaise et cette violence sur le propre sol des États-Unis, le mal perpétré par un citoyen blanc au-dessus de tout soupçon, blessent. Les attentats d'Al-Qaida ont été, jusqu'alors, perpétrés bien loin. S'ils ont frappé des centaines de victimes, celles-ci étaient pour la plupart de malheureux indigènes, saisis par le hasard dans la tragédie.

Qu'il y ait bel et bien une menace terroriste grandissante et proche, George Tenet, le directeur de la CIA, le sait. Bill Clinton également. C'est pourquoi deux mois avant l'attentat d'Oklahoma City, le président a soumis au Congrès un arsenal de mesures antiterroristes. Mille postes supplémentaires ont été créés. Le FBI voit ses pouvoirs de coordination renforcés. Juste après l'attentat d'Oklahoma City, dans les premiers jours de mai, de nouvelles initiatives témoignent de la prise en compte de la menace. La décision (directive présidentielle numéro 39, de juin 1995) précise que les États-Unis doivent dissuader, défaire et répondre vigoureusement à toutes les attaques terroristes menées contre le territoire et les citoyens des États-Unis. « Dissuasion » (deter) et « destruction » : le vocabulaire est précis. Pour qualifier le terrorisme, Madeleine Albright emploie déjà la formule : « Un genre spécial de Mal » (« A Special Kind of Evil »).

Face à la menace, le pouvoir démocrate, contrairement à ce que les détracteurs républicains affirmeront par la suite, ne se voilent nullement la face. En 1995 et 1996, Bill Clinton consacre temps et énergie à la localisation des sanctuaires terroristes, met un terme à la constante réduction des budgets alloués à la CIA depuis la fin de la guerre froide et renforce les crédits supplémentaires destinés au centre anti-terroriste, un des éléments de la structure du renseignement.

C'est ...
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