Pages juives
EAN13
9782200351120
ISBN
978-2-200-35112-0
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
DD.ANT.COLIN GP
Nombre de pages
480
Dimensions
25 x 17,5 cm
Poids
664 g
Langue
français
Code dewey
808.898
Fiches UNIMARC
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Introduction?>A PEINE A-T-ON POSÉ SUR LE PAPIER le principe et l'idée d'un volume réunissant les plus belles pages juives que déjà les problèmes et les interrogations affluent. Israël, peuple du Livre, se laissera-t-il enfermer, réduire, en un seul livre, fût-il une anthologie ? Et de Rabbi Yéhouda Hannassi à Georges Perec, la tâche paraît soudain accablante. S'insinue alors la question lancinante de la culture juive. Qu'est-ce qu'un écrivain juif? Un Juif qui écrit ? Un romancier yiddish ? Un poète hébraïque ? Un commentateur talmudique ? Un philosophe laïque ? Tout cela successivement ou en même temps ? Évidemment, chacun porte en lui sa définition, selon sa foi, son histoire, son vécu, ses réminiscences.Quel est le lien ténu capable de relier une morale tirée du Talmud à un roman contemporain ? La réflexion d'un penseur du XIXe siècle à un poème en vers libres ? Ce fil rouge existe dans la pérennité du judaïsme et le déroulement de son expression. Il nous a paru évident, dès l'abord, que le choix devait se porter sur les auteurs ayant exprimé, dans leurs œuvres, une vision du judaïsme, une manière d'être juif Cela déterminé, le contre-exemple surgit immédiatement : certains silences, en effet, peuvent être significatifs. Il y a plus d'un siècle, on demandait au dramaturge juif Adolphe d'Ennery, coauteur d'un mélo qui fit longtemps pleurer dans les chaumières, Les Deux Orphelines, s'il avait à l'occasion peuplé son théâtre de personnages juifs. Il répondait : « Non jamais, et la raison est bien simple... Le premier devoir de l'auteur est de plaire au spectateur, c'est-à-dire de respecter ses goûts et ses habitudes. Si j'avais mis un Juif en scène, j'aurais été naturellement obligé d'en faire un usurier, ou un escroc, ou un traître, un vilain personnage enfin. »Et si l'on respecte le silence des auteurs juifs, pourquoi ne pas faire, en contrepoids, une place aux non-Juifs qui ont consacré une part de leurs réflexions ou de leur art au judaïsme ? Se précipitent alors en foule et pêle-mêle Jean-Paul Sartre et Jean Racine, Honoré de Balzac et Paul Claudel, et, peut-être au-dessus de ceux-là, Jacques de Lacretelle avec son Silbermann, plaidoyer parfois ambigu sur la tolérance et l'acceptation de l'autre. Mais, très vite, il apparaît que ces regards portés sur le judaïsme, tantôt avec amour, tantôt avec froideur, sont à l'évidence et par nature des observations extérieures. Quand un Juif évoque le judaïsme dans son œuvre, il le fait de l'intérieur, même si le rejet et l'ironie ne sont pas toujours absents de son étude. Que l'on considère, par exemple, les pages d'un Roger Ikor : dans son chant constant pour l'assimilation, il n'a cessé de jeter un œil suffisant sur des coutumes qui lui paraissaient désuètes. C'est pourtant sans doute en Juif qu'il a combattu en faveur de la cause assimilationniste.C'est pourquoi, même si toute anthologie est un choix arbitraire, choix des auteurs, choix des extraits, nous n'avons pas voulu obligatoirement retenir des fragments pour leur qualité intrinsèquement littéraire. Nous avons clairement privilégié une expression juive. Expression au sens le plus large possible et qui peut, ici ou là, prendre les chemins plus ou moins détournés du souvenir, de la critique, de l'humanisme ou de l'humour. Nous avons donc renoncé d'emblée à classer les textes par genre littéraire - vers, théâtre, prose -, estimant que, dans le cadre précis de cet ouvrage, le fond primait évidemment sur la forme. La poésie d'un Paul Celan, par exemple, traduit à l'évidence la même douleur que les récits d'un Primo Levi, et les scènes dialoguées surgies sous la plume d'un An-Ski gardent le même pouvoir d'évocation que les romans d'un Israël Zangwill. Ces auteurs appartiennent tous, qu'on le veuille ou non, à l'esprit du judaïsme dans son ampleur.En se cantonnant donc aux réflexions sur le judaïsme, sans exclusive, apparaît un kaléidoscope divers et changeant. Des extraits de romans aux analyses philosophiques, des combats idéologiques aux témoignages, c'est toute l'Histoire et la pensée juives qui se déploient...Nous avons donc décidé de classer nos extraits selon quinze grands chapitres : Bible, Domination gréco-romaine, Liturgie, Talmud, Kabbale et mysticisme, Moyen Âge, Hassidisme, Émancipation, Philosophie, Réponses à l'antisémitisme, Identités, Sionisme, Shoah, Littérature hébraïque et enfin Littérature contemporaine. Autant de chapitres qui, bien entendu, peuvent et doivent s'entrechoquer, se répondre, entrer en résonance les uns avec les autres. Chacun d'eux tente de regrouper une vision ou un axe du judaïsme liés par un dénominateur commun, sans pour autant défendre la même thèse ou la même idée.
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