claudialucia

http://claudialucia-malibrairie.blogspot.fr/

Depuis mon apprentissage de la lecture, les livres ont toujours tenu dans ma vie une place immense. J'ai ouvert ce blog intitulé Ma librairie pour garder le souvenir de toutes ces lectures, des émotions ressenties, des récits, des mots et des phrases qui m'ont marquée.
Le titre de mon blog est un hommage à Michel de Montaigne qui aimait à se retirer dans sa librairie (au XVIème siècle le mot a le sens de bibliothèque), au milieu de ses livres.
La librairie de Montaigne était située au troisième étage d’une tour de son château qui figure dans mon logo. Là, il lisait, méditait, écrivait. Là, il rédigea Les Essais.
Pour moi, comme pour lui, les livres : “C’est la meilleure des munitions que j’aie trouvée en cet humain voyage”.

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13 août 2010

Sofia Tolstoï : Une brillante réponse à La sonate à Kreutzer

Les éditions des Syrtes ont réuni dans une même publication la très célèbre nouvelle de Léon Tostoï : La sonate à Kreutzer et celle de Sofia Tolstoï : A qui la faute? qui est une réponse directe à son illustre mari.
L'oeuvre de Sofia n'a jamais été publiée en France et a dû attendre ces dernières années pour l'être en Russie. Pourtant, elle ne manque pas de piquant et répond point par point et d'une manière intelligente aux réflexions philosophiques et religieuses du grand écrivain et à sa vision misogyne de la Femme. De plus, elle éclaire d'un jour nouveau La Sonate à Kreutzer qui est une des oeuvres les plus surprenantes et les plus controversées de Léon Tolstoï puisque ce dernier a dû répondre, dans une postface publiée dans cette édition, à ses lecteurs qui lui demandaient des éclaircissements.

Si l'on ajoute à ces deux ouvrages un autre roman de Sofia Tolstoï : Romances sans paroles et la réponse de Léon Tolstoï fils à la Sonate à Kreutzer sous le titre Le prélude de Chopin, l'on verra que les éditions des Syrtes nous offre une véritable saga de la famille Tolstoï.

Dans La sonate à Kreutzer, au cours d'un long voyage en train, des voyageurs entament une discussion sur le mariage. La réussite d'un mariage repose-t-elle sur la crainte exercée par le mari sur sa femme, ou au contraire, sur un amour véritable et réciproque entre les deux époux? Un homme prend alors la parole pour nier l'amour que l'on confond, dit-il, avec la sensualité. Il n'y a pas d'amour spirituel, il n'y a que l'amour charnel, "répugnant", "repoussant et malpropre" et celui-ci ne peut durer qu'un temps. De plus, il donne un pouvoir exorbitant à la femme qui devient pour l'homme "un objet dangereux". Ainsi le mariage n'est que duperie. Lui-même a épousé une jeune femme dont il pensait être amoureux. Mais après le mariage et la satisfaction de l'acte sexuel, la honte ressentie par "ces excès bestiaux" a fait naître la haine entre les deux époux. Cet homme, Pozdnychev, resté seul avec le narrateur, lui explique alors son histoire et pourquoi il a tué sa femme éprise d'un musicien...
Ce que Tosltoï veut démontrer dans ce récit, c'est que l'acte sexuel est néfaste aussi bien dans le célibat que dans le mariage, qu'en aucun cas c'est un acte naturel et indispensable pour la santé. Le bien ne viendra que de la pureté et de la continence. A ceux qui lui répondent que la race humaine disparaîtrait si l'homme respectait ce précepte, Tolstoï répond que toutes les doctrines religieuses et scientifiques annoncent la fin du monde et que celle-ci est par conséquent inéluctable. Il ajoute dans sa postface que la chasteté est un idéal voulu par le Christ, vers lequel il faut tendre, mais qui est- comme tout idéal- hors d'atteinte.

"La passion sexuelle est un mal terrible qu'il faut combattre et pas encourager comme nous le faisons."

La réponse de Sofia Tolstoï est un récit A qui la faute? qui met en scène une jeune fille intelligente, cultivée et sensible, un peu exaltée, Anna, qui a du mariage une conception idéaliste et pure. Mariée avec un vieil ami de la famille, le Prince Prozorski, un célibataire endurci et débauché, dont elle est amoureuse et qu'elle idéalise, elle va vite déchanter. Le Prince ne s'intéresse à elle que pour l'acte sexuel. Il admire sa beauté et la considère comme un objet de plaisir mais refuse tout partage intellectuel ou spirituel. Il méprise son travail de peintre dans lequel elle met toute son âme. Ses lectures, ses pensées lui sont totalement inconnues. Il se soucie peu de ses sentiments, ne manifeste aucune tendresse envers elle et même envers ses enfants qui lui sont indifférents en dehors du fait qu'ils perpétuent son nom. La rencontre avec son voisin, peintre lui aussi, avec qui elle peut avoir un échange intellectuel et tendre, lui prouve que tous les hommes ne sont pas comme son mari. Cependant, elle met tout son honneur à rester fidèle à son mariage. Le prince, fou de jalousie, ne veut pas croire à son innocence et la tue.
L'habileté de Sofia Tolstoï est de répondre à son mari en créant un récit semblable à celui de la Sonate à Kreutzer mais raconté du point de vue de la femme.
La thèse qui répond à celle de Léon Tolstoï est la suivante: si les hommes considéraient leur femme comme un être humain et non comme un objet sexuel et acceptaient d'avoir d'autres échanges avec elle, le mariage ne serait pas un échec. A qui la faute, donc?

"Cette façon tendre et désintéressée de se comporter avec une femme était la seule qui pût apporter le bonheur absolu dans sa vie"

Chacune des particularités du récit de La Sonate à Kreutzer est reprise mais transposée : à la rencontre avec le musicien correspond celle du peintre qui dans les deux cas permet une entente intellectuelle et spirituelle. A l'indifférence du mari envers les maladies des enfants, Sofia oppose l'inquiétude de la mère, les nuits sans sommeil, la peur de la mort. A l'obligation d'allaiter exigée par le mari de La Sonate à Kreutzer (et donc par Tolstoï lui-même) répond le regard que jette Anna dans sa glace qui lui renvoie un image d'elle négligée avec un vieux corsage trop large, des cheveux en désordre. A l'obligation de la procréation comme justification des rapports sexuels correspond la libération d'Anna quand une femme médecin lui donne des conseils pour ne plus avoir d'enfant. Quand on pense que Sofia a eu treize enfants de son mari (dont cinq ont disparu en bas âge) et que Léon Tolstoï est mort loin d'elle en refusant de la revoir, on comprend qu'elle sait de quoi elle parle!

L'analyse des sentiments féminins est bien menée et subtile et si Sofia n'est pas un écrivain à la mesure de Léon Tolstoï, son récit ne manque pas de finesse dans l'étude psychologique complexe et d'habileté dans la construction du récit.

Les Presses de la Cité

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7 août 2010

Frères de sang

Frères de sang est un roman de Richard Price qu'il a écrit dans les années 1970 et qui est resté inédit en France jusqu'à maintenant. Grand romancier américain, auteur notamment de Ville noire, ville blanche, Les Seigneurs, Richard Price est aussi dialoguiste et scénariste au cinéma; il a signé, en particulier, le scénario de La couleur de l'argent réalisé par Martin Scorcese.

Dans Frères de sang Richard Price décrit la vie d'une famille d'origine italienne dans le Bronx, un quartier populaire qu'il connaît bien puisqu'il y est lui-même né en 1949. Tommy et Marie de Coco ont deux fils. L'un Stony, dix-sept ans, qui fait la fierté de ses parents, l'autre Albert, huit ans, anorexique qui laisse son père indifférent et que sa mère poursuit de sa haine. Autour d'eux gravitent une foule de personnages, Chubby, le frère de Tommy et sa femme Phyllis, Butler, le meilleur ami de Stony, Cheri, sa petite amie, le docteur Harris qui soigne Albert, Banion, le patron du bar et bien d'autres, ouvriers électriciens, enfants de l'hôpital...

Stony est le personnage principal de ce roman qui raconte le passage de l'adolescence à l'âge adulte avec ses sentiments exacerbés, ses interrogations, ses choix difficiles, mais chaque personnage a son importance et recevra un double éclairage -vu de l'extérieur puis de l'intérieur- par le biais d'un narrateur omniscient qui connaît tout des pensées et du passé de chacun. De là une vision complexe de ces hommes et de ces femmes qui, par bien des côtés, sont des brutes promptes à la bagarre, menées par le sexe et la boisson, et qui, par d'autres, sont des êtres blessés par la vie, déterminés par leur origine sociale et leur naissance. Le Bronx avec sa population mêlée est ici au coeur du récit. Dans ce quartier se côtoient en cherchant à s'éviter des blancs d'origine modeste qui se considèrent comme supérieurs, des noirs, des latinos. Le racisme, l'alcoolisme, la drogue, la prostitution sont quelques-uns des maux du quartier.

J'avoue avoir eu du mal à entrer dans le roman tant le vocabulaire, surtout lorsqu'il est question de sexe, est cru, d'un réalisme violent et l'image de la femme telle que la conçoivent les hommes de la famille de Coco, dégradante. Mais le lecteur se rend bien compte que ce parti pris n'est jamais gratuit. Au contraire, il permet de peindre la mentalité de ces hommes qui croient compenser la médiocrité de leur vie par l'illusion de la puissance que leur confère leur virilité souvent confondue avec vulgarité et brutalité. Si le Dimanche est réservé à la famille, les autres soirs pour Tommy et ses semblables sont consacrés à ces divertissements habituels : se saouler, se bagarrer et tromper leur femme, dérivatifs à l'ennui, au vide de leur existence. Stony, d'ailleurs, dit qu'il ne veut pas devenir comme eux, travailler toute la semaine pour ne vivre que dans l'attente du week end. Leur mode de vie détermine aussi celle de leur épouse qui reste à la maison, délaissée, peu considérée, soumise et éteinte comme Phyllis, ou aigrie et vindicative comme Marie mais toujours victimes comme le montre la fuite avortée de Marie emprisonnée dans ses devoirs de mère qu'elle ne veut ou ne peut plus assumer. Pourtant ces personnages sont plus subtils qu'il n'y paraît aux premiers abords et s'ils paraissent primaires, violents, immatures, ils sont aussi capables d'amour et de dévouement, amour fraternel de Tommy et Chubby, amour paternel des deux frères pour leur fils et neveu, Stony.
Le thème de la famille est ainsi très présent dans le récit et donne son titre au roman "frères de sang", car outre Tommy et Chubby unis par les liens étroits du sang et de leur éducation, Stony aime son frère Albert et s'occupe de lui. A l'hôpital, quand il travaille auprès des enfants malades ou maltraités par leur famille, il remplace avec humour cette notion par celle de "frères de salive" à défaut de sang, expliquant aux enfants l'importance de la solidarité dans la vie de souffrance qui est la leur..
Ce thème à la fois rassurant quand Stony protège son frère et le maintient en vie par son amour, est inquiétant quand il frappe sa mère pour l'empêcher de harceler l'enfant. Il devient carrément étouffant quand il entrave Stony, l'empêche de choisir l'avenir qu'il désire. Car l'amour familial peut aussi briser les élans, étouffer les aspiration légitimes. Ainsi Stony ne veut pas faire de la peine à son père et son oncle qui font pression sur lui pour le choix de son métier; il ne veut pas laisser Albert seul en quittant sa famille. Ce personnage est par ailleurs très attachant. Il a toutes les outrances de de l'adolescence; il est amoureux de Cheri et devient fou de jalousie mais il est aussi généreux, amusant, plein d'imagination quand il s'agit de distraire son petit frère ou les enfants de l'hôpital.

Le roman présente une succession de scènes si complètes, si précises, si visuelles, que l'on pourrait les isoler les unes des autres, chacune comme un tableau ou une nouvelle dans laquelle l'art de l'écrivain s'exprime avec une puissance et un humour noir qui exercent une fascination sur le lecteur. Leur enchaînement forme un tout cohérent et offre une vision pessimiste de cette société où l'espoir ne semble pas de mise.

Je remercie Dialogues croisés et les éditions Presses de la Cité qui m'ont fait parvenir ce livre dont la parution est prévue pour le 12 Août .
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19 juillet 2010

Richard Flanagan : Désirer éditions Belfond

Désirer de l'écrivain australien Richard Flanagan est un beau roman plein d'émotion et de finesse, une de ces oeuvres que l'on referme avec un pincement au coeur.

Dans ce roman où le théâtre a un rôle primordial, c'est à une tragédie que l'on assiste et celle-ci se joue aussi bien sur le plan collectif, déportation et élimination des aborigènes en Tasmanie, qu'individuel, les personnages sacrifiant la vérité de leurs sentiments aux fausses valeurs de la société. De là, ce titre -Désirer- cet infinitif, traduction de l'anglais "wanting", d'abord énigmatique et qui prend peu à peu tout son sens : chaque personnage s'agite sur une scène pleine de bruit et de fureur pour reprendre l'image de Shakespeare, agitation vaine où les aspirations, les désirs se voient sacrifiés à une morale rigide, à des conventions sociales qui nient les sentiments, l'amour, la liberté et par là, la vie. Chacun passe à côté de l'essentiel et se retrouve face au néant de son existence.

Désirer présente deux récits parallèles dans l'espace, en Tasmanie et à Londres, mais décalés au point de vue de la chronologie :
En Tasmanie, Sir John et lady Jane Franklin, vice-roi et vice -reine de la Terre de Van Diemen, adoptent une petite fille aborigène nommée Mathinna pour prouver "scientifiquement" que les "sauvages" peuvent être civilisés et éduqués comme des anglais.
A Londres, des années après, Lady Jane Franklin rencontre Charles Dickens. Ce qui de prime abord lie ces deux êtres pourtant si opposés est un fait historique dont Richard Flanagan s'est inspiré. Sir John parti en expédition polaire avec des officiers et son équipage n'est jamais revenu et est accusé de cannibalisme d'après le témoignage d'une peuplade esquimau. Lady Jane demande à Dickens, alors le plus célèbre écrivain de l'Angleterre victorienne, de prendre la défense de son mari et de réhabiliter sa mémoire. Ce que fait Dickens et ce qui lui inspire une pièce de théâtre qu'il écrit avec Wilkie Collins : Glacial abîme.
Mais au-delà de l'anecdote, les liens qui unissent cette femme de la haute société et cet homme qui a souffert de son humble origine mais est devenu par son génie, l'égal d'un roi, sont plus complexes. Et d'abord, très profondément ancrés en eux, la certitude de la supériorité de la civilisation anglaise et chrétienne. Ainsi l'écrivain fonde la présomption d'innocence de l'explorateur sur la grandeur morale de l'anglais qui ne peut être confondu par "une poignée répugnante d'individus non civilisés dont la vie quotidienne se déroule dans le sang et le blanc des baleines". Le livre est donc prétexte à dénoncer le colonialisme et ses maux, racisme, paternalisme, incompréhension et mépris des autres civilisations. Ainsi, dans la colonie pénitentiaire de Wibalenna sur l'île Flinders où Lady Jane en visite avec son mari découvre Mathinna et, séduite par la grâce et la vivacité de la fillette, décide de l'amener loin de son peuple, cent trente cinq aborigènes de l'île Tasmanie furent transportés pour y "être civlisés et christianisés" sous la direction d'un prédicateur George Augustus Robinson qui se pare du titre de Protecteur. Tout cela au nom d'une civilisation qui affirme sa supériorité et qui, tout en prenant aux autochtones leur terre et leur moyen de subsistance, pense faire leur bien en leur imposant ses critères. Le récit se teinte alors d'une ironie terrible qui fait naître un sentiment d'horreur et de tristesse : "A part le fait que ses frères noirs continuaient à trépasser au rythme de un par jour, quasiment, note le Protecteur, il fallait admettre que la colonie donnait satisfaction à tous les égards."

Mais ce sentiment de supériorité, s'il est fatal à ceux qui en sont les victimes, se retourne assez curieusement contre ceux qui l'éprouvent. Et c'est ici que le titre du roman Désirer prend toute sa valeur car le désir sous toutes ses formes engendre la douleur.
Désir d'amour. Lady Jane qui n'a jamais pu avoir d'enfant ne peut s'abandonner aux sentiments maternels qu'elle éprouve pour Mathinna, la petite fille noire devenue objet d'étude et ravalée au rang d'animal de laboratoire lorsque le projet échoue. Et elle se retrouve ainsi face à sa solitude, étreinte par une douleur "comme un châtiment terrible".
Désir pervers. C'est sir John qui cède au désir contre nature qu'il éprouve pour la fillette et qui devra en payer le prix, "le sentiment de sa propre horreur", car dit Charles Dickens :
"on peut avoir ce que l'on veut mais on découvre qu'il y a toujours un prix à payer. La question est celle-ci : peux-tu payer?
Désir de liberté : Mathinna retrouvant les siens sur l'île Flinders jette ses sabots dans un bosquet d'arbres. Geste symbolique mais désir vain. L'éducation qu'elle a reçue chez Lady Jane fait qu'elle n'appartient plus à aucune civilisation.
Ainsi, Charles Dickens cherche à dompter son "coeur indiscipliné" et son amour naissant pour l'actrice Ellen Ternan :
"Nous avons tous des sentiments et des désirs, écrit-il, mais seuls les sauvages acceptent de les assouvir. "
Pourtant, la pièce de théâtre, Glacial abîme, va consacrer le cheminement final et inverse de Dickens et de Lady jane. Contrairement à cette dernière, Charles Dickens au cours de cette pièce où il est auteur et acteur à la fois, en interprétant ce texte qui révèle "toute son âme", va apprendre à céder au désir et se libérer :
"Il ne pouvait plus imposer de discipline à son coeur indocile. Et lui, cet homme qui avait passé toute une vie à croire que céder au désir était la caractéristique du sauvage, se rendit compte qu'il ne pouvait plus rejeter ce qu'il voulait."

Car l'autre thème de ce roman, et non des moindres, est celui de la création littéraire, une réflexion qui se révèle passionnante; on y voit comment Dickens emprunte à sa vie des éléments pour construire ses oeuvres mais aussi comment, dans un effet boomerang, la fiction romanesque finit par devenir à ses yeux plus vraie que la vie réelle. Ainsi l'on assiste à l'élaboration de Glacial abîme dont l'auteur est à l'origine Wilkie Collins. Mais son ami, Charles Dickens s'empare bientôt d'un des personnages de la pièce, Robert Wardour, pour le faire sien, lui donner ses pensées, ses sentiments, ses peurs, et finalement jouer sur scène sa propre vie, parvenant ainsi à agir sur elle, à l'infléchir comme si l'écrivain ne pouvait découvrir sa vérité qu'à travers le filtre de ses personnages.

Enfin, pour couronner le plaisir de cette lecture, l'heureuse surprise qui me met en face de deux auteurs, Charles Dickens et Wilkie Collins, que je fréquente beaucoup en ce moment et qui répond aux questions que je me pose sur eux. Ceci d'une manière telle qu'il me semble rencontrer deux amis, personnages réels engagés dans la fiction romanesque à qui Richard Flannagan redonne vie, cheminant dans leurs pensées intérieures et les révélant au lecteur tandis qu'ils se révèlent à eux -mêmes. Car Richard Flannagan à partir d'une histoire vraie laisse libre cours à son imagination qui mieux que tout peut atteindre la vérité profonde de ses personnages pour nous révéler des êtres vivants et non des momies aseptisées par l'Histoire..