Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

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23 mars 2016

C'est ma première rencontre avec Jonas Jonasson tant connu un peu partout pour "Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire" ou "L'analphabète qui savait compter". Et je dois dire que dès les premières lignes, j'ai vu une parenté évidente avec l'excellent auteur finlandais Arto Paasilinna et que j'ai pris le même plaisir à le lire, au début au moins... parce qu'à un certain moment, j'ai quand même trouvé qu'il allongeait un peu la sauce sans lui apporter de saveur supplémentaire : les quatre-vingts premières pages sont drôles, enlevées, puis ça se dégrade parce que ça tire en longueur (environ quatre-vingts pages itou), et puis, ça repart pour ne plus s'arrêter, jusqu'à la fin, la page 380. Tout est absolument loufoque, pas crédible et l'on sourit beaucoup, voire même on peut rire à des dialogues fous ou des descriptions décalées. Le procédé dont use Jonas Jonasson est connu : il joue avec les niveaux de langage, les dialogues sont plutôt dans le familier, l'argotique et les descriptions plutôt dans le soutenu et même plus elles parlent de trivialités, plus elles sont bien écrites, le décalage est donc complet et ça fonctionne parfaitement.

"- J'ai rencontré Jésus ! C'est trop dur à piger, ça ? Et du coup, vous m'avez mis dans la merde !

Le pasteur interrompit l'embryon de querelle qu'ils n'avaient pas le temps de développer. Elle ne réfuta pas le résumé que venait de brosser Dédé, même si elle trouvait qu'il aurait pu employer un autre langage." (p.123)

En filigrane et quasiment tout au long du livre quand même, Jonas Jonasson critique la religion qui longtemps fut en Suède religion d'état, qui ne l'est plus depuis seulement l'année 2000. Il se moque, parodie l'église et son besoin d'argent, les églises de tout genre qui peuvent ouvrir et se revendiquer comme telles, ce qu'en France, on appellerait sectes.

Ce n'est sans doute pas le roman du siècle, certes non, mais je ne doute pas qu'il trouve un écho auprès des lecteurs et je le comprends bien, j'avoue moi-même avoir passé un très bon moment en Suède. Ne boudons pas notre plaisir, un roman drôle qui nous fait oublier quelques instants le quotidien, ça mérite largement le détour, comme une bonne comédie au cinéma.

Polar scientifique

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Samuel Sutra

Mosesu

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23 mars 2016

L'Embaumeur est un personnage de roman dont un auteur peut s'approprier les codes et les inclure dans son histoire. Il suffit de respecter les consignes biographiques de Luc Mandoline édictées par Sébastien Mousse. Je l'ai déjà rencontré sous la plume de Stéphane Pajot, Deadline à Ouessant et il existe au moins neuf autres tomes de ses aventures. Aventure inédite que celle-ci puisque cadavre à explorer il n'y a pas et que Luc habitué à voyager reste dans Paris. Samuel Sutra détourne donc les codes de l'Embaumeur pour lui écrire cette histoire oscillant entre polar et espionnage. Rythmée aux sons d'Alain Bashung et aux mots de Gérard Manset qui a écrit Visage d'un dieu Inca - que je n'ai pas encore lu, mais je sens une forte envie de le faire maintenant -, un portrait de Bashung à la mode Manset, ce roman est donc forcément excellent.

Luc n'est pas un enquêteur officiel ni même formé aux méthodes traditionnelles, sa technique est souvent directe, foncer droit devant, dans la gueule du loup quitte à recevoir des coups, ce qui ne manque pas d'arriver. Néanmoins, il peut faire preuve de réflexion et monter des plans plus élaborés qui ne récolteront pas toujours un plus franc succès que la méthode auparavant décrite.

Samuel Sutra dont je commence à bien connaître la bibliographie, est un écrivain qui sait jouer avec différents styles d'écriture : argotique, audiardienne dans sa série des Tonton ou ambiance boite de jazz-détective étasunien dans Kind of black. Là, c'est encore différent, très contemporain, n'hésitant pas à faire un bon mot, à user d'images plus ou moins évocatrices : "Non, décidément, si un jour il devait arrêter volontairement son tour de manège, il opterait pour quelque chose d'autre. Pas les médocs. Non, ça, on n'était pas sûr de ce qui se passait non plus. Peut-être la tour Saint-Jacques. Refaire les expériences de Pascal. Confirmer ses travaux sur la pesanteur et, au passage, ceux de Mike Brant sur l'absence de rebond à l'arrivée. Voilà, concilier confort et apport scientifique. Ce serait une belle fin." (p.39/40)

Marie Vindy, dans la préface parle d'un style "du bon style, qui se la raconte si bien que nous voilà partis à tourner les pages avec délice, avec gourmandise même." (p.8) Et de parler de Léo Malet et de Tardi. Parfait. Que puis-je dire après cela ? Rien, ou si, juste vous conseiller très fort cette nouvelle aventure de Luc Mandoline, un héros à découvrir.

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23 mars 2016

Six nouvelles écrites par un auteur sud-coréen, né en 1972 qui enseigne la création littéraire. Extrêmement original, le recueil débute par la nouvelle qui lui donne son nom.

- L'art de la controverse : une bonne controverse consiste à terrasser son adversaire en trouvant le bon argument, celui qui le mettra à terre et dont il ne se relèvera pas. Mais jusqu'où aller ?

- Par ici, par là : ça fait quarante années que Yang prend le chemin qui mène à son champ et qui contourne un moulin par ici. Jamais encore, il n'a pris l'autre, celui qui le contourne par là. Sauf ce matin-là...

- Lapins mode d'emploi : comment un couple de lapins peut être à l'origine d'une querelle conjugale et d'une transformation radicale de l'épouse dévouée.

- Krabi : un homme revient à différents moments de sa vie au même endroit, croise les mêmes gens. A Krabi.

- Le chauffeur de taxi et l'économiste : les événements de notre vie sont-ils dus au hasard ou le destin existe-t-il ? Sont-ils régis par une loi impérieuse ou choisit-on son avenir ?

- Menace sur le territoire : Beomsu prend le train pour aller retrouver sa fiancée. N'aimant pas être dérangé, il réserve son siège et celui d'à-côté. Mais c'est sans compter avec des passagers n'ayant pas réservé. Le combat pour garder son espace prend des formes parfois très rudes.

Park Hyoung-su est un auteur à part. Original et totalement décalé. Je ne me souviens pas avoir lu de nouvelles aussi étranges, bizarres depuis un petit moment. Ses histoires peuvent partir de faits assez banals et très vite dériver vers de l'étonnant, de l'extravagant, du farfelu, du fantasque voire du fantastique. Et malgré cela ou fort de cela, il parvient à faire jaillir des questionnements bien réels sur la vie de couple, la solitude, la fatalité, le choix qui détermine une vie ou la succession d'événements subis, la fatuité, la grandeur d'âme, la recherche de la puissance, du pouvoir, de la domination, la réussite à tout prix même et surtout au détriment des autres, le prix d'une vie, la condition humaine pourquoi certains réussissent et d'autres tentent de survivre...

Park Hyoung-su construit ses histoires et tirant un fil jusqu'au bout, jusqu'à l'absurde, jusqu'à l'irréalité, jusqu'à ce qu'on peut qualifier de fantastique. Le lecteur se retrouve très vite dans un monde loufoque, ubuesque, décalé à la limite du surréalisme (on pourrait penser parfois qu'il use de certaines techniques d'écriture du mouvement surréaliste l'emmenant loin, très loin et nous avec), délirant, burlesque...

Un auteur qui surprend et comme cette année est l'année France-Corée, ce pays sera l'invité d'honneur du Salon du livre de Paris (rebaptisé Livre Paris) et qui se déroule en ce moment même - courez-y vite - une bonne idée pour découvrir sa littérature.

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23 mars 2016

Je précise que ce livre m'a été envoyé comme ça au hasard, et le hasard fait parfois mal les choses. L'écriture se veut un rien lyrique, elle ne fait qu'enchaîner les platitudes : "Simon erre dans un pays blanc, ondoyant, une mer sans son ni lumière... Il flotte en âme libre dans un brouillard cotonneux." (p.27), style lourd et alambiqué. C'est lent, long, très long, page 30, j'ai l'impression d'en avoir lu 100, alors imaginez après 100 pages... et même 384 pages si l'on parvient à la dernière de ce roman...

Editions de l'Aube

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23 mars 2016

Pas grand chose à dire sur ce polar, je l'ai lu jusqu'au bout, mais je suis passé totalement au travers. Évidemment, ça parle du racisme, de la difficulté d'aborder et d'intégrer l'autre s'il est différent, mais malgré cela, je n'ai pas réussi à vraiment m'intéresser à l'histoire. En fait, je crois que ce sont les deux personnages principaux qui m'ont dérouté.