La machine à écrire #3 : rencontre avec Laurent de Sutter.

Pour qui fait une recherche rapide, Laurent de Sutter est né un 24 décembre, est professeur de droit, semble être un dandy et déteste être qualifié de philosophe. Sa bibliographie peut surprendre. De la prostitution à la théorie du droit, en passant par le cinéma, le terrorisme, le développement personnel ou la chimie, on pourrait penser que sa pensée papillonne au gré des humeurs ou envies du moment.
Il ne faut pourtant pas se laisser abuser : ce directeur de collection aux PUF et chez Polity Press est animé par le désir de relancer le genre de l'essai et guidé par l'idée qu'aucun sujet n'est indigne de réflexion. Au fil des années, en posant son regard sur notre quotidien, parfois le plus trivial, il construit progressivement une théorie de l'être comme l'ensemble des équipements et des prothèses qui nous permettent d'exister. Une pensée au ras du sol, en contre-plongée qui permet de saisir concrètement ce qui nous constitue.
Mais au-delà même d'une théorie, ce qui rend son œuvre intéressante, c'est qu'elle n'assène pas de vérité, n'apporte pas de réponses, ne tente même pas d'avoir raison. L'essentiel ? Faire des propositions, en espérant que nous nous en emparions, pour en faire quelque chose nous-même. Le tout au moyen d'une plume littéraire, qui désoriente et stimule. Une forme au service du fond. On déteste ou on adore, mais on ne reste pas indifférent.

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