Série Z, roman

J.M. Erre

Buchet-Chastel

  • Conseillé par
    20 août 2010

    Tout simplement "gloussesque" !

    L'histoire sortie de l'imagination de l'auteur est délirante et "gloussesque" (Je revendique ce néologisme !). Son héros, Félix Zac, est un ectoplasme mou d'une trentaine d'années, pacsé avec une prof de bio "bio" (J'ai remarqué que les deux vont souvent ensemble...) et père d'une Zoé, âgée d'un an et qui ressemble à une mini-tornade.

    Félix a le mot travail en horreur et passe sa vie à regarder des films tellement mauvais qu'ils en deviennent cultes. Il s'adonne aussi vaguement à l'écriture de scénarios, tout en alternant bière blonde et brune... un boulet, diraient nos ados. ! Et voilà qu'un jour, une de ses histoires semble trouver grâce aux yeux d'un producteur : une palpitante enquête dans une maison de retraite pour acteurs mineurs ! J.M Erre s'amuse beaucoup, multipliant les points de vue, créant des créatures plus bizarres les unes que les autres et déclenchant souvent le rire chez le lecteur.

    Un seul point m'a chiffonnée et je recopie ici le passage incriminé :

    " Parmi toutes les insuffisances qui font de Félix un personnage auquel le lecteur moyen peut s'identifier, il en est une qui dépasse toutes les autres : l'exceptionnelle déficience de son sens de l'orientation. Cette tare l'avait amené à développer une technique compensatoire fondée sur un très ancien proverbe chinois trouvé dans un emballage de Carambar : "Puisque tu ne trouves pas en cherchant, tu trouveras en ne cherchant pas". En partant à l'avance, avec un esprit positif et un jerrican d'essence de secours, ça marche."

    Je suis désolée mais je ne vois pas le moindre comique dans la technique du héros pour partir d'un point A et rejoindre un point B. D'abord, on ne parle pas de "tare", ce n'est pas gentil mais de "handicap léger "...

    Prenons quelqu'un au hasard, par exemple moi, créature douée d'une cervelle (Si !) et dépourvue du sens de l'orientation. Vous croyez que mon existence est drôle, je vais vous confier un épisode de ma triste existence qui va vous arracher des larmes.

    Nantes, mars 2002, service ophtalmo de l'hôpital

    Pour une raison indépendante de notre volonté, ma Moitié doit rester veiller Demoiselle Cadette qui va être opérée le lendemain et moi, je dois quitter les lieux et rejoindre l'hôtel que l'Homme avait réservé pour lui. Lueur de panique dans les yeux du mâle, attitude bravache de ma part : "Fastoche, c'est à quelques rues de là! " L'Homme me réexplique plusieurs fois l'itinéraire, me rappelle le nom de l'hôtel, me somme d'aller manger dans un restau qu'il a repéré, me fait répéter les instructions et se ronge les ongles d'anxiété.

    Je franchis le seuil de la chambre d'un pas conquérant et me précipite à la cafétéria de l'hôpital pour acheter des chocos et une plaquette de chocolat. Si jamais j'atteins un jour l'hôtel, hors de question que je ressorte pour aller manger à l'extérieur ! Je mettrai des miettes de gâteaux partout sur la couette et engloutirai tout le chocolat en regardant un programme débilitant à la télé.

    Première étape : franchir les portes du hall et découvrir que dehors, horreur, malheur, il fait NUIT ! Logique en cette saison et à 19h30 mais HORRIBLE quand même !

    Deuxième étape : pleurer une bonne fois pour se déboucher les sinus. C'est bien connu : sinus bouchés, courage diminué !

    Troisième étape : regarder le plan, se demander dans quel sens le prendre (Mince, tout à l'heure, l'Homme avait l'air de trouver la manipulation du truc facile)

    Quatrième étape : ranger le plan, ces bidules, ça sert à rien, rien ne vaut l'instinct !

    Cinquième étape : sillonner au hasard le quartier en se répétant le nom de la rue façon mantra.

    Sixième étape : au bord de la crise de nerfs, trouver enfin la rue et là, le doute : il y a bien un hôtel mais qui s'appelle Les Colonies. Bizarre, vous aviez l'impression de l'Homme avait dit Les Colibris. Bon, en même temps, les deux noms se ressemblent et vous avez super mal aux pieds.

    Septième étape : rentrer dans l'hôtel et demander d'un ton qui se veut assuré s'il y a bien une chambre réservée pour M.Untel. Alléluia ! C'est là !

    Huitième étape : Vautrée sur le lit, vous n'en revenez pas de votre exploit, vous le savourez même quand le téléphone sonne. Une voix inquiète, au bout du fil, vous demande : "Chérie, tout va bien, tu n'as pas eu de mal pour trouver ?" Cette question, bien sûr que vous êtes arrivée à destination ! Il croyait quoi, que vous alliez errer toute la nuit dans Nantes... Le cas échéant, vous aviez prévu double ration de chocos. Perdue, d'accord mais morte de faim, non !

    Alors, maintenant, on s'amuse moins, monsieur l'auteur. Apprenez qu'il y a des sujets douloureux avec lesquels il ne faut pas rire ! je suggère un règlement à l'amiable pour le préjudice subi : m'offrir un exemplaire de votre livre (Je vous laisse voir les modalités avec votre maison d'édition.)

    Quoi, j'entends certains derrière leur écran s'exclamer : "Elle manque pas de culot la môme Armande !". Du culot ? Relisez mon témoignage pathétique et surtout prenez en compte le fait que le lendemain, il m'a fallu repartir de l'hôtel (mon point A) pour gagner l'hôpital (mon point B) et que l'entreprise m'a encore coûté quelques sueurs froides...

    Je compte sur vous, fidèles lecteurs de chez Dialogues pour appuyer ma demande, d'une légitimité incontestable ;-)


  • Conseillé par
    16 juin 2010

    Une telle lecture n’est pas de tout repos, je vous assure. Zygomatiques en folie, abdominaux outrageusement sollicités, cage thoracique gonflée à l’hélium : les effets secondaires et tertiaires sont nombreux. J.M Erre n’est pas un auteur qu’on peut aborder comme une vulgaire promenade dans la campagne. Il faut un véritable entraînement pour tenter l’ascension de ce Mont-Blanc de rire et de folie. Mais passons sur ces considérations personnelles et entrons dans le vif du sujet…

    Félix Zac, ovni humanoïde, est marié à Sophie et père de l’inénarrable Zoé. Mou, tendance vélléitaire, il entame beaucoup de scenarii sans jamais les finir et préfère se prélasser devant les films de série B plutôt que de pointer à Pôle Emploi, dans l’espoir de trouver un « vrai » job. Pourtant, un jour, inspiré, il se lance dans l’écriture de l’Hospice de l’Angoisse. Dans cette maison de retraite – aussi appelée La Niche Saint Luc – de vieux acteurs passent de vie à trépas, aidés par un mystérieux tueur… Félix est persuadé de tenir là une histoire géniale, qui le rendra célèbre comme cinéaste. D’ailleurs, une proposition arrive bientôt d’un certain Boudini, boucher à Rungis. Mais la félicité de Félix est de courte durée car bientôt, la fiction rattrape la réalité et la dépasse… C’est le moment où, vous vous en doutez, les ennuis commencent pour Zac…

    Dans Série Z, on retrouve la patte de J.M Erre. Ce goût potache qui consiste à plonger son héros dans des aventures délirantes qui font glousser le lecteur. Des extraits du scénario de Zac parsèment le récit et ce sont souvent de grands moments d’anthologie. Comme Félix tient aussi un blog sur les films de série B, on peut lire quelques uns de ses billets, savoureux évidemment et les commentaires des lecteurs, qui ne le sont pas moins… Et puis il y a ce lecteur, à Knokke le Zout qui lit Série Z en même temps que moi, que vous…

    Déjanté, hilarant, gonflé : le livre de J.M Erre dessine un grand arc-en-ciel dans le paysage littéraire et si vous le secouez bien, j’en suis sûre, tel une boite à meuhhhh, il laissera échapper quelques rires enregistrés… Pour votre plus grand plaisir!


  • Conseillé par
    15 juin 2010

    Comment vous parlez de ce livre loufoque, délirant, iconoclaste (je sais … j ai mis un mot recherché pour relever le niveau culturel de mon billet) ?

    Félix Zac espère pondre le scénario qui le fera connaître au monde entier. En attendant, il tient un blog sous le pseudo de docteur Z sur lequel il parle de sa passion pour les films de série B. Il vit au crochet de sa femme Sophie : végétarienne, écolo convaincue, et qui milite pour un monde meilleur au sein de l’association Fuck the OMG, tout en assumant de temps en temps son rôle de père.
    Félix a un script de film : l’action se déroule dans une maison de retraite où des vieux disparaissent d’une façon étrange ! Sauf que pour notre ami Félix la réalité va rejoindre la fiction…

    Je ne l’ai pas lu, je l’ai dévoré ! Oui, grâce à Série Z, j’ai travaillé mes zygomatiques et mes abdos (ces trucs un peu mous au niveau de mon ventre) mais surtout je me suis éclatée avec cette lecture !

    Un livre où le script du film, le récit, les pensées de Félix, l’intrique et quelques bonus sont absolument irrésistibles.

    Un gros coup de cœur !