L'ardeur des pierres

Céline Curiol

Actes Sud

  • Conseillé par
    9 décembre 2012

    Trois personnages solitaires, une histoire étrange, un soupçon de fantastique, une écriture élégante, raffinée, une touche d’humour, « l’ardeur des pierres » est une lecture exigeante qui s’apprivoise doucement.
    Sidonie, française à la peau d’ébène s’offre un voyage au Japon, remplie de curiosité à l’égard de ce pays. On croit qu’elle va être la narratrice, pourtant elle s’efface dès le prologue et ressurgit dans le dernier chapitre.
    Kanto, jardinier un peu par hasard. Il a été formé par Maître Nishimura à l’art du jardin traditionnel. Il travaille pour un propriétaire étranger. Replié sur lui-même, il loge dans un appartement juste en-dessous de Yone. Au début du roman, il s’approprie deux pierres sacrées les kamo-ishi, transgression inimaginable au Japon où ces pierres en voie de disparition sont protégées.


    Yone, encore un solitaire. Hanté par un père qu’il n’a jamais connu, sculpteur américano-japonais célèbre, il se met en tête qu’il est lui-même un créateur et peut écrire un roman sur un meurtrier de femmes, Tatsuya Ichihashi. L’ennui, c’est que depuis trois ans, il n’a pas dépassé la première phrase. Pour l’heure, il se contente de rédiger des questions pour un jeu télévisé.
    Kanto et Yone se cotoient sans hostilité, sans sympathie particulière non plus. Le vol des pierres par Kanto va faire bouger leur relation. Par le truchement de Sidonie, les trois personnages vont être confrontés les uns aux autres jusqu’à un final surprenant.
    Le rythme de l’histoire est lent, sans qu’il y ait cependant de longueurs, l’auteur nous emmène dans des directions inhabituelles et changeantes. Je me suis laissée mener par le bout du nez, captivée par l’atmosphère du récit, entre tradition et modernité. La narration est fine et subtile. Assurément une romancière à suivre.