Adieu Montaigne
EAN13
9782213675671
Éditeur
Fayard
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Adieu Montaigne

Fayard

Indisponible
Notre époque déserte les livres mais se prend de passion pour Montaigne.
Jamais il n’a suscité un pareil flot d’ouvrages, des plus accessibles aux plus
érudits, tous pénétrants, alertes, et même, certains estampillés à bon droit
succès de librairie.
Prudence, néanmoins. Cassandre malgré moi, me reprochant ce que je redoute,
j’entends un chant du cygne dans cet enthousiasme. En classe, on n’enseigne
presque plus les Essais. Le public célèbre-t-il ce qui va disparaître ?
Montaigne incarne le pouvoir créateur du verbe auquel nous ne croyons plus,
mais dont, souterraine, la nostalgie nous reste. Dans la serre où prolifèrent
les chiffres que nous cultivons comme aucune civilisation avant nous, il nous
manque un supplément d’âme. On le loge dans le désir sans bornes de biens
superflus : illusion désormais évidente que dénonçait le petit châtelain
chauve à la moustache fournie, presque toujours vêtu de noir et de blanc sous
sa calotte, qui parlait comme il agissait, écrivait comme il parlait, et
s’essayait à vivre selon la nature.
Dire adieu à Montaigne serait troquer l’humanisme qui s’attache à son nom
contre un futur strictement prosaïque, où l’humanité, enclose dans sa bulle
étanche, se penserait maîtresse de l’univers, sans limites à sa toute-
puissance.
C’est ce qui se joue au-delà des Essais.

Écrivain et essayiste, plume essentielle de la collection « L’un et l’autre »
créée par J.-B. Pontalis chez Gallimard, Jean-Michel Delacomptée est notamment
l’auteur de Passions, La princesse de Clèves (Arléa, 2012, sélection du prix
Renaudot Essai et du prix Femina Essai) et de La Grandeur, Saint-Simon
(Gallimard, 2011, prix Louis Barthou de l’Académie française 2012, Prix
Historia de la Biographie Historique 2012, prix Charles Oulmont de la
Fondation de France). Grand connaisseur de Montaigne (Et qu’un seul soit
l’ami, Gallimard, 1995 ; Préface et commentaire de Lettre à son père sur la
mort d’Étienne de La Boétie, Gallimard, 2012) et de son siècle (Ambroise Paré,
la main savante, Gallimard, 2007), il nous invite, dans ce nouvel essai
lumineux, à délaisser cet excès d’amour-propre qui se plaît à faire de
Montaigne « notre contemporain » quand il est celui du genre humain – ou, en
d’autres termes, à nous rapprocher de lui au lieu de l’attirer à nous.
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