- EAN13
- 9782251914961
- Éditeur
- Les Belles Lettres
- Date de publication
- 05/03/2021
- Collection
- Les Belles Lettres / essais
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
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L’Univers obscur du corps
Représentation et gouvernement des corps à la Renaissance
Jean Céard
Les Belles Lettres
Les Belles Lettres / essais
À la différence des pensées antiques qui, invitant à se connaître soi-même,
détachent l’âme du corps, la pensée chrétienne élabore une conception du corps
étroitement solidaire de l’âme : celle-ci n’est tout à fait elle-même qu’unie
au corps qu’elle anime. Or la médecine sait à quel point la vie intérieure du
corps nous échappe. Si la Renaissance est ardemment attentive à l’anatomie, de
grandes pensées expriment de fortes réserves sur la validité de ce savoir qui
pourrait bien n’être qu’un trompe-l’oeil. Plus généralement comment définir le
rapport de l’âme et du corps ? Les métaphores qui tentent de le décrire sont
aussi nombreuses qu’imparfaites, comme est vif l’intérêt pour ces individus
qui vivent ce rapport dans l’incertitude, l’instabilité ou l’inquiétude : le
lycanthrope, qui, comme on dit alors, « se met en loup », l’ensorcelé, le fou.
À défaut de pouvoir scruter l’intimité des corps, d’être en état d’en franchir
la clôture, il faut mettre en place des procédures indirectes d’observation,
édifier un complexe savoir conjectural qui sache repérer et croiser les
signes. Nous n’avons pas complètement renoncé à ces représentations.
détachent l’âme du corps, la pensée chrétienne élabore une conception du corps
étroitement solidaire de l’âme : celle-ci n’est tout à fait elle-même qu’unie
au corps qu’elle anime. Or la médecine sait à quel point la vie intérieure du
corps nous échappe. Si la Renaissance est ardemment attentive à l’anatomie, de
grandes pensées expriment de fortes réserves sur la validité de ce savoir qui
pourrait bien n’être qu’un trompe-l’oeil. Plus généralement comment définir le
rapport de l’âme et du corps ? Les métaphores qui tentent de le décrire sont
aussi nombreuses qu’imparfaites, comme est vif l’intérêt pour ces individus
qui vivent ce rapport dans l’incertitude, l’instabilité ou l’inquiétude : le
lycanthrope, qui, comme on dit alors, « se met en loup », l’ensorcelé, le fou.
À défaut de pouvoir scruter l’intimité des corps, d’être en état d’en franchir
la clôture, il faut mettre en place des procédures indirectes d’observation,
édifier un complexe savoir conjectural qui sache repérer et croiser les
signes. Nous n’avons pas complètement renoncé à ces représentations.
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