Introduction à Antonio Gramsci
EAN13
9782348046414
Éditeur
La Découverte
Date de publication
Collection
Repères
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Introduction à Antonio Gramsci

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Indisponible
Élu député en 1924, à seulement trente-trois ans, avant de devenir l'année
suivante secrétaire général du tout jeune Parti communiste italien, Antonio
Gramsci est emprisonné en 1926 par le régime fasciste. Infatigable militant et
journaliste, animateur de la publication l'Ordine nuovo, engagé dans le
mouvement des conseils d'usine à Turin en 1919-1920, son combat prend, en
détention, un tour nécessairement plus théorique. Mais quelle théorie ! Au
croisement de la culture et de la politique, son concept d'hégémonie, qui
présente l'exercice du pouvoir comme une affaire de consentement autant que de
coercition, a essaimé dans de nombreux domaines de recherche, notamment les
cultural studies (études culturelles), apparues dans le monde anglo-saxon au
début des années 1960. 
Et c'est l'un des nombreux mérites du présent ouvrage
que de présenter ces prolongements.
En France, Antonio Gramsci reste en
revanche peu étudié. Les 2 248 pages manuscrites de ses Cahiers de prison sont
certes intégralement disponibles, mais elles ont été publiées " au tournant
des années 1980, c'est-à-dire au début d'un cycle antimarxiste de la vie
intellectuelle française ", font remarquer George Hoare et Nathan Sperber,
respectivement philosophe et sociologue. Un autre mérite de la démarche des
auteurs est là, en creux : montrer le lien profond entre les Cahiers et le
marxisme, entre Gramsci et Marx, là où d'autres, comme Ernesto Laclau et
Chantal Mouffe, l'ont édulcoré. Dans leur ouvrage commun de 1985, Hégémonie et
stratégie socialiste, ces auteurs postmarxistes se réclamaient de Gramsci pour
remettre en question la centralité de la lutte des classes, au profit des
revendications sociétales. En pédagogues, George Hoare et Nathan Sperber
expliquent cette approche par une volonté de " se donner les moyens de
concevoir l'hégémonie comme ouverture maximale des possibles ". Mais ils
rappellent aussi que Gramsci n'était pas moins critique envers le "
volontarisme " et le " spontanéisme " qu'envers le déterminisme économique.
Ainsi notait-il, en philosophe, dans son Cahier de prison n°13 : " Une erreur
commune dans les analyses historico-politiques consiste à ne pas savoir
trouver le juste rapport entre ce qui est organique et ce qui est conjoncture.
(...) Dans un cas, on surestime les causes mécaniques ; dans l'autre, on
exalte l'élément volontariste et individuel. " L'ouvrage pédagogique de Hoare
et Sperber donne toutes les clés pour explorer cette pensée qui reste
d'actualité.
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