En Forez, de pages en paysages

"Auprès de l'ancienne ville de Lyon, du costé du soleil couchant, il y a un
païs nommé Forests qui, en sa petitesse, contient ce qui est de plus rare au
reste des Gaules…" C'est un roman, « L'Astrée », qui appela le Forez à
l'existence littéraire, et révéla sa vocation au bonheur. D'autres écrivains
sont venus élargir cette vision : Rousseau herborise au sommet du Pilat,
Vallès s'enfonce sous terre pour découvrir la mine. Victor de Laprade place
une épopée rustique dans les Montagnes du Soir, Louis Mercier conte les
travaux et les jours d'un bourg de chrétienté dans les coteaux du Roannais. À
l’opposé, Émile Clermont situe un roman psychologique entre les cheminées
d'usines de la vallée du Gier et les murs silencieux de la Chartreuse de
Sainte-Croix-en-Jarez. Si divers soient-ils, ces textes ne sont pas
hétéroclites. Comme les écritures qui se succèdent sur un palimpseste, il faut
les déchiffrer par transparence, pour saisir un secret qui est peut-être l'âme
du Forez. Considérant que la littérature n'est pas séparée de la réalité, mais
nous en révèle le sens, après avoir publié une « Vie quotidienne en Forez
avant 1914 », Bernard Plessy consacre aujourd'hui un essai aux grands textes
foréziens qui en est comme le prolongement.