Un tocard sur le toit du monde
EAN13
9782709635813
Éditeur
Jean-Claude Lattès
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Un tocard sur le toit du monde

Jean-Claude Lattès

Indisponible
« J’ignorais comment, mais je savais que j’y arriverais.
Gravir les mythiques 8848 mètres, qui font de l’Everest le Toit du monde, un
sommet réservé aux alpinistes les plus expérimentés. Moi, d’expérience, je
n’en avais pas. Aucune. Je n’avais jamais enfilé de chaussures cloutées,
jamais essayé un piolet, ni un mousqueton, jamais mis le nez dans le tas de
cordes dont les grimpeurs se saucissonnent avant de commencer une ascension.
J’avais bien grimpé les murs d’escalade au pied de ma cité, à l’lle-Saint-
Denis, mais à part ça…
Alors, pour intégrer un groupe de professionnels, j’ai pipeauté mon CV. A
l’organisateur de l’expédition, j’ai fait croire que j’avais grimpé le Mont-
Blanc et le Kilimandjaro. J’aurais pu aussi bien dire l’Annapurna ou la Lune,
ça ne coûtait pas plus cher. Mais ça a marché. Je pense que dans la tête du
gars, personne ne serait assez fou pour se mesurer à l’Everest sans une
expérience en béton armé. Je me disais : j’ai connu la galère, la violence des
HLM du 93, j’ai réalisé un tour du monde à vélo, j’ai fait le bouclier humain
en Irak, et je suis même devenu journaliste à France 3, alors l’Everest…
J’avais tort. Là-haut, j’ai failli laisser ma peau. Plusieurs fois.
 Tout au long de cette aventure qui a duré deux mois, j’ai pensé très fort à
mes parents, illettrés Algériens. J’avais un super concept en tête : une fois
au sommet, je planterais côte à côte les deux drapeaux, le français et
l’algérien. Une manière de réconcilier mes deux identités, moi qui suis si
paumé d’être d’ici et de là-bas, c’est-à-dire de nulle part. Finalement, j’ai
confectionné un cœur en carton et j’ai écrit dessus le chiffre 93. Le
département le moins aimé de France. Celui où j’ai grandi et que je ne
quitterai pour rien au monde. »
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