Critique biblique et tradition juive
EAN13
9782841625536
Éditeur
L'Eclat
Date de publication
Collection
Philosophie imaginaire
Langue
français
Langue d'origine
français
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Critique biblique et tradition juive

L'Eclat

Philosophie imaginaire

Indisponible
Ce texte inédit d'André Neher a été retrouvé par Enrico Lucca qui en a établi
le texte et signé la présentation. Il s'agit d'un texte entièrement rédigé et
qui dût servir de base pour un cours sur la critique biblique (probablement à
Strasbourg). Sous ce titre un peu austère et académique, se cache un
questionnenement d'un grand intérêt sur le statut du texte biblique et celui
de ses lectures. Si l'on s'en tient à la tradition juive, le texte biblique,
en tant qu'il est révélé, ne peut être sujet à la critique. Il doit être pris
'à la lettre'. Et c'est ainsi qu'on l'enseigne dans les cercles religieux et
écoles juives traditionnelles. L'Université s'est très tôt intéressée à ce
qu'on a appelé la "critique biblique", qui étudie la formation du texte, ses
différentes strates, ses "époques", etc. Ces deux courants opposés ne
satisfont ni l'un ni l'autre l'homme de foi et d'ouverture qu'était André
Neher qui dans cet inédit étudie l'histoire de la critique biblique, les
différentes polémiques autour de ces questions, ne serait-ce que dans le cas
des grandes traductions de la Bible, qui, nécessairement, vont se heurter à la
question de la nature du texte. L'hébreu est au coeur du raisonnement de
Neher. L'extraordinaire complexité de la langue hébraïque doit permettre à une
approche 'traditionnelle" d'intégrer les 'enrichissements' de la critique
biblique, en s'appuyant sur les innombrables commentaires du texte, écrits le
long des siècles, par des auteurs de toute sorte: cabalistes, rationalistes,
linguistes etc. Si l'on suit Neher, la révélation s'exprime dans la langue, et
la langue EST une lecture critique du texte. Position qui confirme la
dimension toujours dialectique du judaïsme, qui, quand il s'y tient, l'a
protégé de bien des dogmatismes. Le texte propose également en quelques
chapitres concis, une histoire de la critique biblique depuis le 17e siècle et
donc des approches historiques du texte qui en contestent l'organisation, en
identifie des strates différentes (Yavhistes et Elohistes, selon le nom de
Dieu qui est employé etc.) André Neher naît en Alsace, à Obernai, le 22
octobre 1914, dans une famille juive strasbourgeoise, cultivée et respectueuse
des traditions. Son père, Albert Neher, inculque à ses enfants, André et
Richard, Hélène et Suzel, l’amour du texte biblique, mais aussi celui d’une
France à laquelle il se sent très attaché, sa famille appartenant à cette
communauté juive installée en Alsace depuis des siècles. Revenu avec sa
famille à Strasbourg en 1927, Neher étudie l’allemand, qu’il enseignera au
collège de Sarrebourg en 1936. Il poursuit son approfondissement du judaïsme à
la synagogue orthodoxe de Strasbourg, puis à la yeshivah de Montreux en
Suisse. Mobilisé en 1939, puis réformé, il rejoint sa famille réfugiée à
Brive-la-Gaillarde après la débâcle, et enseigne à Lanteuil, en Corrèze, avant
d’être chassé de l’enseignement en 1940 du fait des lois sur le statut des
Juifs. Il demeurera toutefois avec les siens et pendant quatre années, à
Lanteuil, dans une situation des plus précaires et difficiles, même si le
souvenir de « Mahanayim », nom qu’ils donnèrent à leur petit village
d’accueil, reste celui d’intenses années de lectures et d’études. « Avec les
membres de ma famille, expulsés comme moi de la Cité des Hommes que nous
savions provisoire, nous avons créé, dans le temps et dans l’espace, une
micro-cité de Dieu, l’École clandestine de Lanteuil, en Corrèze, à 10 km de
Brive-la-Gaillarde et nous avons appelé notre demeure Mahanayim [...] ‘La
Double Demeure’ [...] parce que nous y avons vécu, précisément, d’une manière
constante et consciente, dans une dimension double : celle de l’angoisse et de
l’espérance, celle de la persécution et celle du temps biblique dont la
plénitude recouvrait chacun de nos instants. » Tout juste après la guerre, la
famille déménage à Lyon où Albert, malade depuis juin 1944, est soigné par le
docteur André Bernheim, père de la jeune Renée Bernheim (née en 1922) qui
avait abandonné ses études pour rejoindre la Résistance dès 1942. C’est à Lyon
qu’Albert Neher décède en 1945 et c’est à Lyon également qu’André Neher
publiera, avec son frère Richard, son premier livre : Transcendance et
immanence(éditions Yeshurun, 1946). En 1947, Neher épouse Renée Bernheim, avec
qui il partagera désormais sa vie, ses recherches et ses espoirs, de
Strasbourg à Jérusalem. Après la publication de sa thèse (Amos ou l’essence du
prophétisme, Vrin, 1950) et d’« énigmatiques » Notes sur Qohelet aux éditions
de Minuit (1951), Neher est nommé professeur « sans chaire » à l’Université de
Strasbourg en 1955, mais ce n’est que deux ans plus tard que sera créée à son
intention une « chaire de littérature juive ancienne et moderne ». C’est à
cette époque qu’il participe activement à la création des Colloques des
intellectuels juifs de langue française, dont le premier s’ouvre en 1957 par
une leçon inaugurale de Vladimir Jankélévitch. Neher milite également alors
pour l’enseignement de l’hébreu comme langue vivante au sein de l’université
française et crée un Centre de Recherches et d’Études hébraïques, qui publiera
à la fois des ouvrages de pensée juive – les siens comme ceux de ses élèves
Benno Gross ou Théo Dreyfus – mais également des méthodes de langue ou de
traduction de l’hébreu, comme son étonnant De l’hébreu au français. Manuel de
l’hébraïsant : la traduction(1969) où, à côté de commentaires de traductions
des textes de la Genèse, conçus comme des exercices de version, on trouve
aussi des pages de Shaï Agnon, Gershom Scholem ou du quotidien
israélienMaariv. La période strasbourgeoise est d’une grande intensité. Avec
Renée, qui enseigne les Lettres classiques à l’école Aqiba dirigée par Benno
Gross, l’universitaire Neher, qui est aussi un « homme d’action », ne ménage
pas ses efforts, pour accueillir en France les populations juives d’Afrique du
Nord, après l’indépendance de l’Algérie. Tous deux sont aussi très actifs au
sein d’associations d’amitiés judéo-chrétiennes. Neher publie de nombreux
ouvrages sur la prophétie (L’essence du prophétisme,1955 ; Moïse ou la
vocation juive, 1956 ; Jérémie,1960) et autour de la figure du Maharal de
Prague, qu’il contribue à faire connaître (Le puits de l’exil, 1966), tandis
que Renée rassemble en quatre volumes les Faits et documents – de la
Renaissance à nos Jours – d’une Histoire juive. C’est ensemble qu’ils
publieront une Histoire biblique du peuple d’Israël en deux volumes chez
l’éditeur Adrien Maisonneuve en 1962. En décembre 1966, Neher accueille à
l’université de Strasbourg, le prix Nobel de Littérature, Shaï Agnon, et il
semble que cette rencontre avec l’écrivain israélien ne soit pas étrangère au
départ du couple Neher en Israël, juste après la guerre des Six jours en juin
1967. Ils seront suivis presque immédiatement par d’autres intellectuels juifs
français, dont Eliane Amado-Lévy-Valensi ou Léon ‘Manitou’ Ashkénazi (en
1968), puis par les strasbourgeois Benno Gross et Theo Dreyfus (1969), fondant
à nouveau et à Jérusalem ce que l’on a appelé, presque improprement, « l’école
de pensée juive de Paris », née sous l’impulsion de Jacob Gordin et à laquelle
a appartenu également Emmanuel Levinas. En 1970, paraît une œuvre capitale
:L’exil de la parole (Seuil) qui fut traduite dans plusieurs langues et qui
fait résonner le silence biblique et le silence d’Auschwitz, comme le précise
son sous-titre. Suivront alors d’autres ouvrages sur Jérusalem, le Maharal
encore, des volumes d’entretiens et de souvenirs, de très nombreux articles et
jusqu’à son Faust et le Maharal de Prague, que publieront les Presses
universitaires de France en 1987. André Neher disparaît en octobre 1988,
laissant une œuvre d’une très grande richesse dont le pauvre 21esiècle devrait
mieux se souvenir. À la précision de l’étude, Neher mêle la puissance du
commentaire et de l’expression, qui donne à son œuvre cette dimension
particulière qui l’apparente aux grands midrashim. Chercheur, il l’est à part
entière, mais avant tout par ce qu’il a trouvéet ce qu’il a donné. Avec la «
Fondation André Neher » créée sous les auspices de la Fondation du Judaïsme
français, Renée (Rina) redoublera d’effort pour ...
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