Trois primitifs
EAN13
9782845782891
Éditeur
Manucius
Date de publication
Collection
ECRITS SUR L'ART
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Trois primitifs

Manucius

Ecrits Sur L'Art

Indisponible
J.-K. Huysmans est surtout connu comme l’auteur d’un chef-d’œuvre célébrissime
A Rebours, roman crépusculaire, catalogué sous le vocable commode et aguichant
du genre «décadent». Ce qui l’est moins, et qui n’avait pas échappé à
quelques-uns de ses contemporains et non des moindres, Léon Bloy et Barbey
d’Aurevilly, c’est que le fameux roman n’était qu’une étape de la «route» qui
devait mener l’auteur «à contempler la face de Dieu» selon le premier, «aux
pieds de la croix» selon le second. Les Trois primitifs, l’un des derniers
textes écrits par Huysmans, confirment la justesse de vues des deux écrivains.
Ultime moment de la «route» qui mena Huysmans, dans sa quête d’un réel
véridique, du «naturalisme» au «réalisme mystique», le texte témoigne d’un
intérêt exceptionnel: d’abord, il atteste la continuité sans faille de la
fascination huysmansienne pour l’art insurpassable des Primitifs et la place
éminente de la passion esthétique dans son itinéraire vers la foi catholique
mais surtout, la magistrale et emportée description du Retable de Mathias
Grünewald doit être considérée comme un véritable testament: le Christ qui s’y
montre sous l’effigie scandaleuse d’un Dieu mourant à la chair abominablement
putréfiée bientôt transfigurée en un corps sublime incarne parfaitement la
double dimension d’un réel désormais entier en lequel chair et esprit,
réalisme et mysticisme ne se repoussent plus mais se génèrent l’un l’autre. Le
Retable est pour Huysmans la réalisation irréfutable de cette possibilité, la
confirmation de la justesse de sa foi. Les lignes écrites sur Grünewald
témoignent d’un accomplissement, d’une parfaite osmose entre un style et une
vision. Huysmans n’y est pas seulement un écrivain, une langue, il est aussi
«un œil», il est celui qui sait voir «comme personne n’a vu», écrira Remy de
Gourmont, et le Christ qui apparaît dans l’entrelacs du texte huysmansien est
le Dieu le plus implacablement réel qui soit.
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