Strasbourg 1400. Un foyer d'art dans l'Europe gothique

Au tournant du xve siècle, d'un bout à l'autre de l'Occident, la création artistique est marquée par un langage commun, raffiné, linéaire et fluide. Ce courant du " gothique international " reflète les nombreux échanges entre les grands centres artistiques que sont alors les principaux lieux du pouvoir en Europe : Paris, Avignon, Prague. Strasbourg, où ne réside pourtant aucun prince, est à cette époque un foyer artistique éminent, comme l'attestent notamment la vitalité du chantier de la cathédrale et la qualité de la production picturale du Maître du Paradiesgärtlein (Jardin de Paradis). Cette ville indépendante a vu naître des ouvres de tout premier plan, dont l'exceptionnelle qualité suppose l'existence d'une clientèle exigeante, élite financière ou marchande cherchant, par son mode de vie, à imiter les grands. La disparition de nombreuses ouvres au cours des siècles suivants a laissé ce dynamisme dans l'ombre. Ce catalogue, rassemblant plus d'une centaine d'ouvres de techniques diverses (panneaux peints, manuscrits enluminés, dessins, vitraux, tapisseries, sculptures), s'attache à témoigner de la place tenue par la ville dans l'art européen autour de 1400. Il est l'occasion de découvrir la cohérence et l'homogénéité de cet art raffiné et précieux, dominé par un graphisme sinueux et des formes fluides, parfois évanescentes, évocations d'un monde féerique, reflétant les aspirations des milieux de cour.
L'ouvrage s'ouvre par une mise en contexte fouillée sur la production européenne de l'époque et la physionomie de Strasbourg en 1400. Suivent des essais autour de l'art dans la ville, du thème des Belles Madones - Vierges à l'enfant - représentatif du style international et un texte faisant le point sur l'actualité des recherches sur le chantier de la cathédrale de 1360 à 1440. La partie catalogue présentera ensuite les plans et les sculptures monumentales de la cathédrale, des Belles Madones à celles de l'octogone et du beffroi, ainsi que des éléments permettant de comprendre l'organisation de la maison patricienne. Seront ensuite reproduits et commentés les chefs-d'ouvre des deux personnalités majeures du gothique international que sont le Maître de la Crucifixion de Colmar ainsi que le Maître du Paradiesgärtlein. Une dernière partie rassemblera des sculptures et vitraux gothiques provenant d'autres édifices dans les territoires relevant au Moyen Âge du diocèse de Strasbourg.
Auteurs Ouvrage collectif sous la direction de Cécile Dupeux et Philippe Lorentz Avec les contributions de Denise Borlée, Françoise Gatouillat, Elisabeth Clementz, Dany Sandron, Bernard Metz, Chantal Amman