Thierry C.

http://lesangnoir.wordpress.com/

«Acheter des livres serait une bonne chose si l’on pouvait simultanément acheter le temps de les lire.» Schopenhauer
Et à quoi sert la littérature?
Peut-être à essayer de vivre selon les nuances car la littérature est «maîtresse des nuances» disait Barthes.
La littérature «s'embarrasse» de nuances. Ne se sépare de personne.
Elle s’intéresse aux différences, aux subtiles différences, aux sensibles singularités.
Elle veut comprendre. Raconter. Regarder. Éclairer l’existence.
Teinter la vie. Sucrer, saler la vie.
La littérature aide à respirer. Reprendre souffle. A souffler, un peu. Sûrement!

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26 mai 2012

Sur les barricades.

Sur les barricades.

Ce roman de Rémi Kauffer, journaliste à la revue Historia, est présenté comme le grand roman des barricades.
Le roman de l’été à lire sur la plage pour oublier la crise.

Mai 68.
Si vous voulez vivre de près les événements de mai 68, vous pouvez lire ce roman.
Il se lit bien.
Vous croiserez, dans le désordre ambiant : Dany le Rouge (Daniel Cohn-Bendit), Charles de Gaulle, Pasqua et son
S.A.C (pas très tendre), Pompidou et surtout des étudiants engagés-enragés dans la multitude de groupuscules trotskistes.
Entre autres : le JCR, la FER, le ML, le PCI, l’UJCML.
Sans parler des autres...

Et puis les Maos, les anars, les Katangais, etc.

A lire pour vivre 68 ailleurs que dans des manuels d’Histoire ennuyeux, ça change un peu.

En parallèle, une histoire de la résistance française durant la seconde guerre mondiale.

Voilà, voilà...

Une autre époque...déjà ?

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15 décembre 2011

26 avril 1937 à 16H30

«Les femmes les enfants ont les mêmes roses rouges
Dans les yeux
Chacun montre son sang"
Paul Eluard dans son poème «La victoire de Guernica».

26 avril 1937 c’est jour de marché à Guernica. «Basilio n’a jamais vu la Calle Santa Maria aussi bondée qu’aujourd’hui. Son cochon en laisse et son sac de haricots sur l’épaule...» Basilio est un jeune peintre autodidacte qui peint les hérons cendrés des marais de Guernica. «Il se demande ce qu’elle en dirait Celestina, de cette feuille encore largement vierge, avec cet effet de plumes au milieu, et tout juste quelques traits pour témoigner de la silhouette élancée du héron.» Il est amoureux de Celestina.


A 16H30 la cloche de l’église avertit la population d’une attaque aérienne. C’est la guerre civile en Espagne entre les républicains et le les nationalistes de Franco. Les bombardiers allemands alliés du sanglant général espagnol largueront sur Guernica 50 tonnes de bombes incendiaires et feront 1654 morts et près de mille blessés.
Basilio a bien cherché à s’engager dans l’armée républicaine mais voilà il aime tant peindre ses hérons.
Un autre peintre, autodidacte lui aussi, Picasso, deux mois plus tard peindra son monumental chef-d’oeuvre «Guernica». C’est à partir de photographies de Guernica en flammes publiées dans les journaux que Picasso va peindre ce tableau sur commande des républicains.
Baselio sera le photographe témoin de l’horreur.
Baselio survivant du massacre part à Paris voir le tableau de Picasso en espérant rencontrer le maître cubiste.
Les républicains seront écrasés par les putschistes franquistes. Cela nous le savons. Mais qui survivra à cette cruauté ? De Celestina, du héron cendré, de la peinture, qu’adviendra t-il ?
L’histoire vous le dira.
Ce roman est écrit avec générosité et sensibilité. Très poétique.
Une belle histoire singulière à lire pour le plaisir des mots et des images.

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2 décembre 2011

Désillusion !

Arun, un jeune instituteur de vingt et un an, est nommé dans le Sud
d’un pays imaginaire, imaginé par l’auteur qui ressemble à l’Inde ou au Sri Lanka.
Arun est un lecteur de Conrad. Cette clameur des ténèbres renvoie au coeur des ténèbres du célèbre écrivain anglais.
Arun, tout comme un «missionnaire», veut, croit enrichir la pauvreté de son enseignement. Mais dans ce bas monde de désillusions où règnent la guerre civile, la corruption, notre jeune héros plein d’espérances va tomber bien bas...dans les ténèbres...
Ce roman m’a semblé très, trop lent, pas toujours agréablement traduit. Dommage !

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2 décembre 2011

A consommer avec modération !

Ce joli petit livre de Laurent Bourdelas (petit-fils de caviste !) édité chez Stock dans la collection «Ecrivins» (une collection longue en bouche !) nous invite à tenir compagnie aux écrivains amateurs (pas toujours éclairés d’ailleurs !) de vins. Et Dieu sait s’il y en a ! «Une barrique de vin peut réaliser plus de miracles qu’une église pleine de saints» nous dit le proverbe italien. Oui d’accord mais bon le miracle aux vapeurs d’alcools n’est pas toujours de mise sur la page blanche...parfois tachée de gros rouge !
Alfred de Musset, Alferd de Vigny, Victor Hugo, Théophile Gautier, Gérard de Nerval, Mallarmé, Apollinaire, Cendrars, entre autres buveurs, nous apprennent à boire...à boire leurs mots...à boire leurs maux...


Et bien sûr le très inspiré Baudelaire et sa série de poèmes «Le vin du solitaire», «L’âme du vin», «Le vin des amants», «Le vin de l’assassin», «Le vin des chiffonniers».
«Aujourd'hui l'espace est splendide !
Sans mors, sans éperons, sans bride,
Partons à cheval sur le vin
Pour un ciel féerique et divin !» La messe est dite !
A offrir à Noël aux amateurs «d’eau de vie» et de poésie !
A la bonne vôtre !

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23 novembre 2011

Dévorante Ecosse !

Retenez bien ce proverbe gaélique : "Trois choses qui arrivent sans qu'on demande, la peur, l'amour et la jalousie." Il pourrait vous être utile...Je le dis sans détour: j'ai adoré ce livre ! Oui, j'ai bien dit adoré ! Un grand grand grand moment de lecture. Livre fermé, je n'en suis pas encore revenu ! Lewis, la plus grande île de l'archipel des Hébrides extérieures, en Écosse est de tradition presbytérienne. Encore aujourd'hui les habitants de cette île du bout du monde observent le sabbat chrétien, parlent la langue gaélique. Ils vivent de l'exploitation de la tourbe, de la pêche, du tourisme, de la fabrication du tweed et d'un peu d'agriculture . Depuis la nuit des temps, ils ont une coutume unique au monde réservé uniquement à quelques initiés mâles natifs de l'île: la chasse aux fous de Bassan. Pendant deux semaines, ces hommes et quelques jeunes garçons, sont emmenés à bord d'un chalutier sur An Sgeir, qu'il neige, qu'il vente ou qu'il tempête ! An Sgeir est un rocher émergeant de la mer, à cent kilomètres de Lewis, où nichent et se reproduisent des milliers d'oiseaux. Chaque année, deux mille oisillons sont tués, préparés sur place et ramenés sur l'île Lewis. Avant d'être une tradition ce fut une ressource vitale pour se nourrir. Tout ce qui est fait, vu ou dit sur ce rocher doit demeurer secret. Un passage obligé pour devenir un homme de l'île. "Lorsque j'étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant; lorsque je suis devenu un homme, j'ai laissé là ce qui était de l'enfant." écrivait Paul aux Corinthiens. Voilà, nous y sommes, le décor est planté. Il pleut toujours et un vent glacial souffle sans arrêt. Brrrrrrrrrr...

Dans ce superbe roman, les descriptions des paysages sont magnifiques ! L'auteur sait imposer une atmosphère : là-bas, j'ai eu faim, froid, peur, j'ai ri et pleuré. j'ai senti et touché... Les Boileau-Narcejac, habiles écrivains de romans policiers avaient l'habitude de dire qu'un bon polar doit être "une machine à lire". Celui là on ne le lâche pas...la machine à lire est parfaitement huilée. Mais est-ce vraiment un polar ? N'est-ce pas aussi un livre d'anthropologie ? Un livre d'Histoire ? Un livre de géographie ? Tout simplement le livre d'une histoire. Une histoire sur l'enfance. Une histoire sur le passage à l'âge adulte comme un passsage à l'acte. L'inspecteur Fin Macleod, natif de cette maudite île qu'il a quitté il y a maintenant plus de dix-huit ans revient (malgré lui) sur les lieux de son enfance pour élucider un meurtre particulièrement sordide. Ce retour tant redouté va provoquer le réveil des fantômes de son enfance. Il va retrouver Artair Macinnes le fils du professeur qui leur donnait des cours particuliers, Donald Murray le fils du pasteur, Calum Macdonald le souffre-douleur d' Ange, Ange le persécuteur des cours de récréation, Marsaili son premier amour de banc d'école, sa tante "adoptive" malgré elle, celle qui a fait Woodstock et...bien d'autres cauchemars en souffrance. Retenez bien ces noms, vous n'êtes pas prêt de les oublier ! Ce retour va faire remonter à la surface des amours déçues, des jalousies, des vengeances longtemps noyées par le mauvais temps et la culture ancestrale du secret. Je me répète, j'ai adoré ce livre. Vraiment. J'ai eu beaucoup de mal à quitter cette île sauvage du nord de l'Ecosse. A lire d'urgence et sans modération ! Pour trouver la vérité, j'ai dévoré les quatre cent pages en deux nuits ! "La vérité ne quitterait jamais le rocher. Elle resterait là, parmi les amas de rochers et les oiseaux, chuchotée par le vent. Elle mourrait dans les cœurs et les esprits des hommes qui étaient là ce fameux jour lorsque viendrait leur tour..."