Qu'ont en commun la disparition de deux adolescents et la découverte d'animaux dévorés par une bête sauvage? Dans les deux cas, faute d'éléments tangibles, on spécule, on imagine, on échafaude des théories. Et dans un petit village, ça anime les discussions: au bar, à la boulangerie, chez le coiffeur. Chacun y va de son avis, chacun est persuadé de détenir la vérité. Il y en a certains, chez qui ces faits divers ne sont qu'un sujet de conversation et d'autres pour qui cela ravive des douleurs passées.

Une BD qui est un subtil équilibre entre le dessin d'Aude Samama, qui sait faire passer en quelques traits les émotions sur les visages, rendre justes des scènes de la vie quotidienne et nous transporter dans ce village et la Nature qui l'entoure, et la plume de Cyril Herry qui aime jouer avec les frontières, ni tout à fait une Bd noire, ni tout à fait du faits divers, ou du social, un peu de tout cela et bien plus encore ! Une réflexion profonde sur les rumeurs, les idées reçues et l'animalité de l'être humain (ou l'inverse).

Aurélie

Ce qui frappe, lorsque l'on tient cette "BD" dans les mains, c'est son format.

On dirait un journal intime : l'écriture de Julie Delporte, au crayon à papier, régulière, ronde, avec parfois des traits de gomme. On accompagne le fil de sa pensée, ses confidences, concernant son corps, son désir, son parcours, sa sexualité.

Et ce qui éclate sur chaque page, ce sont ces dessins, leurs couleurs ! Des images "concrètes" souvent tirées d'un bestiaire fantasmé: des plantes, des animaux terrestres et marins qui font parfois penser à Rosa Bonheur ou Georgia O'Keeffe mais aussi des portraits, des scènes de vie, tirées de films, et des images abstraites et sensuelles, des corps qui s'aiment.

Dans ces pages on retrouve Monique Wittig, Paul Preciado, Chantal Akerman, Dorothy Allison, Judith Butler et bien d'autres encore. Des portes ouvertes vers des films, des livres, des artistes, qui accompagnent une réflexion personnelle plus profonde, qui aident à s'accepter pour mieux (s')aimer.

Eblouissant !

Aurélie

Astra est née à Celestials, une communauté utopique, bâtie par Doris et Raymond. Ils souhaitaient en faire un lieu d'expression artistique, avec une maison commune, où ils vivraient en autosuffisance.
Mais le rêve ne dépasse pas la barrière du réel et sur cette colline isolée, seule une cabane, une yourte et un vieux bus font office d'abri et la main d'œuvre manque pour cultiver les terre. La mère d'Astra meurt en couches et Raymond, son père, ne veut pas s'investir dans son éducation.

Nous découvrons Astra, son enfance, son adolescence fugueuse, ses premières relations, sa vie de femme, de mère, à travers la constellations de celles et ceux qui ont gravité autour d'elle, ont partagé ou traversé sa vie.

Dans ce premier roman, l'autrice canadienne Cedar Bowers dessine par petites touches le portrait de cette Astra hypnotique, insaisissable, une véritable tempête. Un roman riche, dont chaque personnage est creusé, profond, beaucoup plus qu'une simple esquisse. Leurs liens et la psychologie de chacun sont finement racontés.

Vous serez forcément séduit.e.s par Astra et touché.e.s par la profondeur et la force de ce roman.

"Nous ne sommes pas des grains de poussière. Nous ne sommes pas des putains d’astres dans le putain de cosmos. Nous sommes des vies humaines empilées sur les traumatismes et les tragédies d’autres vies humaines."

Aurélie

Après L’arachée belle, sublime premier roman, Lou Darsan dévoile un peu plus de sa poésie dans ce second récit. S'il rappelle le précedent par le thème du voyage et de l’exploration de soi, cette fois-ci l’exploration est totale et le voyage se fait à deux. Exploration de nos relations, du vivant, de nos émotions fauves, rien ne semble échapper à ces pages, qui abondent d’images.
Les mots, la forme, ce roman est d’une sensibilité absolue, et il faut savoir se laisser porter pour véritablement l’apprécier.

Lucile

Voila une sortie poche que je n'attendais plus ! Cinq années se sont écoulées depuis la publication chez Notabilia de ce premier roman d'une autrice Irlandaise qui m'avait marqué et que j'ai pris plaisir à parcourir à nouveau.
Relire la rencontre de ces deux marginaux, Ray & One Eye, l'immense solitude avant celle-ci et cette amitié si vite évidente, qu'elle bouleverse le quotidien.
Le tandem traverse les quatre saisons, dans une vieille bicoque ou dans une vieille auto, il se déploie, partage une pitance et le récit d'une vie. Un roman comme un monologue, précis, sensible et curieux.

Lucile