Têtes d'enterrement

Gauthier de Fauconval

Le Lion Z'Ailé de Waterloo

  • Conseillé par
    24 novembre 2022

    Gauthier de Fauconval est comédien et belge. Cela arrive à plein de gens bien. D'être comédien. D'être Belge. Et même les deux à la fois. Il ajoute avec ce premier roman la case écrivain. Et il s'en sort bien, malgré un passage trop long -mais je n'en dirai pas davantage pour ne rien dévoiler de l'histoire-, disons que j'ai lâché à un moment et puis j'ai repris le fil un peu plus loin jusqu'à la fin. Le ton est constamment entre humour, légèreté et gravité. Ce n'est jamais hilarant mais on sourit beaucoup et souvent, dans le dramatique, il y a toujours une once d'humour, de décalage, comme s'il ne fallait point prendre la vie trop au sérieux. De l'aigre-doux. Cette manière de ne pas trop se prendre au sérieux, que j'associe beaucoup à l'humour -mais pas seulement- belge.

    Albert est touchant sur ses vieux jours, sans doute ne l'a-t'il pas été plus jeune. Ses enfants sont des gens fatigués qui subissent leurs vies, leurs conjoints qui ne peuvent pas concevoir que ce qui a été écrit -la mort prochaine d'Albert- puisse ne pas advenir, que leur père nonagénaire espère encore des années de vie alors qu'eux-mêmes vivotent péniblement. Ils ne sont pas méchants, ni antipathiques, ils sont usés.

    Tout cela est bien décrit et Gauthier de Fauconval d'aborder des questions sur l'amour, sur la transmission, la qualité de vie : vaut-il mieux une vie courte et intense ou longue et un peu morne ? Sur la mort, la vie éternelle, la vieillesse, la peur du changement... "Et si nous échouions ? Si notre tentative de réinventer notre vie se soldait par un échec et que nous n'avions finalement rien réussi d'autre que d'amasser plus de frustration, plus de souffrances." (p.125) Un des mérites de ce roman est de décrire des personnages réalistes dans des situations qui le sont un peu moins, de creuser au plus profond d'iceux, de ne pas les juger malgré leurs défauts et de faire tout cela de manière très plaisante.