Viviane Elisabeth Fauville

Julia Deck

Les Éditions de Minuit

  • Conseillé par (Libraire)
    16 avril 2013

    Imaginez, quelques secondes, vous êtes Vivianne Elisabeth Fauville, une quarantaine d'années, un enfant et votre mari vient de vous quitter.
    Ce n'est déjà pas très rose et ça l'est encore moins après que vous ayez décidé de tuer votre psychanaliste hier en fin d'après-midi.
    Vous imaginez un peu la situation ? Oui, non ? Peut-être ? Prenez garde, Julia Deck est une habile manipulatrice. Et vous risquez d'être surpris.

    Un premier roman réussi, qui nous transporte aux frontières de la folie.


  • Conseillé par
    11 janvier 2013

    Rien de mieux que cette quatrième de couverture pour donner le ton du bouquin. C'est extrêmement rare que je dise du bien de cette page, trop souvent explicite, mais là, elle emplit idéalement son rôle : celui de donner envie (ou pas) de dévoiler le ton et l'ambiance du livre. Car il est formidable ce roman.

    Ce qui m'a surpris de prime abord, c'est le vouvoiement, le livre commence comme cela : "L'enfant a douze semaines, et son souffle vous berce au rythme calme et régulier d'un métronome. Vous êtes assises toutes les deux dans un rocking-chair au milieu d'une pièce entièrement vide." (p.9) Et puis je m'y suis fait. Mais à peine le temps d'avoir intégré ce narrateur qui voussoie que le voilà maintenant, narrateur omniscient qui parle à la troisième personne, alternant les "Viviane" et les "elle". Et puis, non content de m'avoir déstabilisé, il en rajoute une couche, en se faisant oublier au profit de Viviane qui parle avec un "je". J'ai même lu des phrases commençant par "nous". Mais diantre, qui ose ainsi déranger ma tranquillité de lecteur ? Julia Deck, vous avez dit ? Connaît pas...
    Bon sang, mais c'est bien sûr, j'ai souvenance d'avoir déjà lu des billets sur son roman chez Clara, Isa, Cathulu et Ys.
    Voilà, vous savez tout de mes réflexions à la lecture des premières pages de ce roman. Je me suis régalé, j'ai jubilé à cette lecture tout sauf reposante. D'abord pour le style certes, mais aussi pour l'histoire et ce personnage de femme totalement perdue. Julia Deck nous promène, j'ai échafaudé des hypothèses sur l'éventuelle folie de Viviane, sur la réalité de son bébé, sur les raisons de son geste envers son analyste, sur divers points tout au long du bouquin. Rien ne s'est avéré. L'auteure nous embrouille volontairement pour mieux nous retenir. Son personnage ne va pas bien, c'est le moins qu'on puisse dire. Elle est dans une mauvaise passe, larguée la quarantaine juste passé pour une plus jeune, seule avec un bébé dans les bras pour lequel, elle craint de n'avoir pas de sentiment maternel : "Au milieu de la pièce désespérément vide, nous réfléchissons à ce que nous pourrions faire pour mériter tant d'amour. [...] Nous ne faisons rien, immobiles comme nous avons toujours été. L'enfant n'a jamais un pleur plus haut que l'autre, paraît incroyablement satisfaite de son sort, et ce formidable prodige nous effraie avant de nous réjouir, si bien que nous n'avons d'autre choix que suivre notre habitude, obéir aux lignes de la nécéssité. Nourrir, s'apprêter, sortir, rentrer, dormir : c'est le corps seul qui avance lorsque nous sommes redevenues muettes." (p.55)
    Pour être tout à fait complet, j'ai ressenti un "p'tit coup d'mou" au début de la seconde partie, une vingtaine de pages moins captivantes, un peu fatigantes, avant de repartir sur une fin tout aussi enthousiasmante que le début. Dans ma grande bonté, j'ai déjà pardonné à Julia Deck ce passage (que je suis peut-être le seul à avoir ressenti), car son roman est vraiment frais et original. Il paraît difficile d'inventer des histoires, des manières de les raconter aujourd'hui, tellement il a été publié de livres en tous genres. Julia Deck relève le défi, joliment. Franchement, passer à côte de Viviane Élisabeth Fauville sans faire sa connaissance serait de la goujaterie, une faute de goût, un manque de savoir-vivre.


  • Conseillé par
    18 octobre 2012

    A quarante-deux, Viviane Elisabeth Fauville est maman d’une petite fille de douze semaines. Un bon travail, un mari ou plutôt un ancien mari car il vient de la quitter. Elle prend sa fille, loue un appartement, se rend chez son psychiatre qu’elle consulte régulièrement et le tue.

    "Vous n’êtes pas tout à fait sûre, mais il vous semble que, quatre ou cinq heures plus tôt, vous avez fait quelque chose que nous n’auriez pas dû". Oui vous, car le lecteur est Viviane Elisabeth Fauville. Votre bébé est là mais vous avez la sensation étrange que quelque chose vous échappe. Auriez-vous oublié votre sac de courses quelque part ? Mais non, vous avez poignardé votre psychiatre !

    Vous avez laissé des traces partout car forcément vous n’avez pas fait l’école des criminelles.Vous vous imaginez déjà en prison, vous pensez à la tête de votre ancien mari satisfait de récupérer votre fille. Le police vous convoque pour un interrogatoire dont vous ressortez libre. Après tout, vous allez peut-être y échapper car on arrêté le coupable mais il est relâché et vous êtes toujours libre (que fait la police?). Au moins, vous avez du temps pour brouiller les pistes.
    Je n'en dirai pas plus sur l'histoire et surtout le pourquoi du crime mais sachez que Julia Deck nous mène avec dextérité aux limites de l’absurde et de la folie. Elle réussit à maintenir tangible un décalage sans tomber dans le grotesque et j'ai été bluffée par sa maîtrise! Une question nous taraude tout le long de ce roman : qui est vraiment Viviane Elisabeth Fauville ? Une femme ayant quelques problèmes passagers ou alors vraiment malade ?

    Un premier roman très, très réussi avec une écriture précise, des surprises, un humour froid qui m’a donnée des sourires de plaisir ! Même si j'ai trouvé que la seconde partie était un peu moins succulente, je l'ai lu d'une traite et je me suis régalée ! Une auteure à suivre de très près...