Le Carnet À Spirales .

https://www.facebook.com/librairielecarnetaspirales/?fref=nf

Les lectures de l'équipe du Carnet à spirales pour vous aider dans vos choix, vous accompagner dans vos nuits blanches, dans vos heures d'évasions romanesques.
Peu adeptes des étoiles nous avons décidé d'en donner 5 par défaut à nos recommandations.
Au plaisir de vous lire et de vous recevoir au Carnet à spirales

Timothée DEMEILLERS

Asphalte

Conseillé par (Libraire)
3 mars 2023

Une frappe derrière la nuque. Le froid des abattoirs. La routine du "planton des frigos". Des phrases courtes comme un couteau plongeant dans la chair. L'abattement de l'homme abattu par les mêmes gestes mille fois recommencés. L'agonie de l'espoir. Les maigres lueurs d'espoir. Le corps d'une femme aimée. Le corps d'une autre, qui prend entre ses bras, la place de la bête morte. Cette tuerie commerciale qui ravage l'esprit. Cette routine quotidienne sur la chaine de l'usine. Cette vie dehors qui se réchauffe parfois au soleil d'une plage à Pornic, dans la solitude d'une partie de pêche, dans l'isolement de la caravane. Cette vie dehors triste. Cette vie dehors ressemble à celle du "Grand soir", les néons, le Super U chauffé ou climatisé, lieu rassurant, viandes sous cellophane, viandes poussant des caddies.

Un court texte, mais un grand texte. Un coup au plexus. Est-ce toi Erwan qui est fou ou est-ce la vie qui est devenue folle ? Perso j'ai mon idée sur la question.

Conseillé par (Libraire)
1 mars 2023

Gerson, 13 ans, coule des jours heureux dans la campagne hollandaise aux côtés de son père et de ses frères, jumeaux et narrateurs de l'histoire. Tous les quatre ont réussi, bon gré mal gré, à combler l'absence de la mère, partie sans laisser d'adresse. Mais un accident de la route, qui rend Gerson aveugle, vient chambouler leur paisible existence. Gerbrand Bakker, sous l'apparente simplicité de l'écriture, dresse le portrait émouvant, tout en nuance, d'un jeune garçon frappé de plein fouet par le destin et d'une famille déroutée par ce drame. Il dépeint très justement les subtiles relations qui unissent le père à ses fils, les jumeaux à leur petit frère. Comme dans ces précédents romans, pas d'action, de revirement de situation, juste de la poésie, une connaissance fine de l'humain et de la nature qui l'entoure, une tension qui monte au fil des pages et un dénouement qui nous laisse le coeur serré. "Quand je dors, je rêve et quand je rêve, au moins je vois encore quelque chose." Des mots qui résonnent bien après la dernière page refermée.

Christian Bourgois

Conseillé par (Libraire)
1 mars 2023

Une plongée au cœur de la communauté juive hassidique qui ne peut laisser indifférent tant l'esprit communautaire dirige la pensée, les vies. L'art de protéger la communauté au détriment de l'individu. Cela peut d'ailleurs parfaitement s'inscrire dans notre actualité. Le personnage est Surie Eckstein, 57 ans, 10 fois mère, 20 fois grand-mère environ... qui est enceinte de jumeaux ! Elle ne peut le dire et donc se tait, se terre dans ce silence, le tout rythmé par les fêtes et rites religieux, hallucinant par leur nombre, par l'opulence des mets. Et puis il y a Lipa, ce fils homosexuel, renié, rejeté puis retrouvé pendu... Un grand livre, dur à refermer, absolument impitoyable, profond mais aussi drôle par instant soit volontairement soit par le côté absurde de certaines situations. Se taire pour protéger...

Du bidonville à la cité de transit, le parcours d'une famille algérienne

Pocket

Conseillé par (Libraire)
28 février 2023

Mehdi Charef, auteur du très beau « Le thé au harem d’Archi Hamed », a dix ans lorsqu’au sortir de la Guerre d’Algérie il débarque sur le sol français avec les siens pour rejoindre son père dans l’espoir d’une vie meilleure. Désillusion et amertume, les rêves vont se fracasser contre la tôle d’un bidonville de Nanterre, un déracinement douloureux admirablement relaté dans son avant-dernier livre « Rue des Pâquerettes ».
Dans ce deuxième opus, Mehdi et sa famille ont été relogés dans une cité de transit, à peine plus confortable que le bidonville. De son regard plein de candeur, l’enfant continue de sonder inlassablement le quotidien : le père sur les chantiers, la mère dont la bicoque avec eau courante et toilettes est le royaume, l’école « deux baraques en préfabriqué » où Mehdi excelle, l’entraide entre occupants de la cité, la découverte de la première télé, la tournée des bonnes sœurs qui distribuent médicaments et conseils contraceptifs, la vie faite de petits riens et d’infimes joies qui s’organise malgré tout. Affleure le parfum de l’Algérie, ce pays loin des yeux mais près du cœur évoqué par Mehdi en interludes, la cuisante et lancinante douleur qui rappelle qu’on a perdu un pays sans en avoir retrouvé un autre, cet autre si vertueux, moralisateur, fier d’éduquer des sauvageons, où la banlieue, en plein essor, réclame toujours plus de main d’œuvre mais n’est pas encore devenue la pieuvre monstrueuse qu’elle est désormais, émaillée à l’époque de petits commerces, de marchés et d’humanité.
Mehdi Charef livre un texte lumineux et bouleversant entre autobiographie et documentaire. Il dépeint avec beaucoup de délicatesse la souffrance imposée par le déracinement et toute la difficulté d’être soi quand on ne se sent pas chez soi. « J’ai l’impression que les Français nous scrutent [..]. Ma faute est d’être arabe. Moi qui désire être aimé tout le temps et par tout le monde, je vacille ». Mais, plus que tout, il souligne la formidable endurance d’hommes et de femmes arrachés à leur vie, la force déployée par chacun pour continuer, rester droits, dignes, vivants.
Publié dans Magazine Initiales

Conseillé par (Libraire)
28 février 2023

Premier roman d’Inga Vesper, autrice vivant à Glasgow est assurément cet excellent « Un lon, si long après midi ». Tous les ingrédients sont présents afin de rendre cette lecture addictive. Los Angeles, 1959, les maisons sont belles, les pelouses sont bien tondues et joliment vertes, les familles sont parfaites, vitrine de la perfection américaine. « « Hier, j’ai embrassé mon mari pour la dernière fois. Il ne le sait pas, bien-sûr. Pas encore. » Parfait ? En grattant un peu le vernis si brillant de ce tableau si charmant, les fêlures apparaissent rapidement. Joyce, épouse modèle, mère parfaite, disparaît. Enlèvement, meurtre ? L’enquête démarre, un quartier en émoi et, degré zéro sur l’échelle de la tolérance, tous regardent Ruby, la femme de ménage noire de la famille, coupable idéale ? Le «Way of life » si idéalisé à cette période est écorné, finement analysé par Inge Vesper tant l’ennui guette ces femmes soumises au sexisme ambiant, tant, malgré des airs charmants et bienveillants, le racisme ordinaire est généralisé. Cette critique sociale teintée « polar » vous fera certainement de jolis après-midis…