Colloque - La Fraternité à l'épreuve de la déportation - Université Catholique de Lille

Journal du ghetto d'Oradea

Éditions des Syrtes

Eva Heyman est née en 1931 à Oradea, en Transylvanie (la Roumanie actuelle, la Hongrie à l’époque). Issue d’une famille juive bourgeoise où la langue hongroise est maintenue, ses parents divorcent lorsqu’elle est très jeune, elle est confiée à ses grands-parents maternels et à sa gouvernante autrichienne. Son père était architecte ; sa mère, Agi, personnage central du journal, s’est remariée avec l’écrivain hongrois Bela Zsolt et a déménagé à Budapest. C’est elle qui publiera en 1948 pour la première fois en Hongrie le Journal de sa fille juste avant de se suicider.
Eva Heyman est l’Anne Frank transylvaine : toutes deux adolescentes juives auxquelles a survécu un journal tenu sous l’occupation nazie, toutes deux mortes en camp d'extermination, Eva à Auschwitz et Anne à Bergen-Belsen.
Eva commence son journal le 13 février 1944, jour de ses treize ans et l’interrompt le 30 mai, déportée, elle arrive à Auschwitz le 6 juin, et y mourra gazée le 17 octobre de la même année. Son journal a été sorti en cachette du ghetto d’Oradea par Mariska, la cuisinière de la famille qui le remettra à la mère d’Eva.
Le « petit journal », comme Eva aimait l’appeler, est le récit d’une adolescente intelligente qui saisit avec justesse la réalité de son époque aussi bien que ses premiers émois. Et il relate surtout en un laps de temps très court les mesures anti-juives prises sous l’administration hongroise jusqu’à l’instauration du ghetto d’Oradea, considéré comme le plus grand ghetto du nord-ouest de la Transylvanie dans lequel tous les juifs de la ville avaient été rassemblés dès le mois de mai 1944.
C’est un témoignage poignant sur la vie des juifs d’Oradea mais également de Transylvanie du Nord qui étaient avant 1940 la troisième plus grande minorité de Roumanie.
Voilà ce que l’on trouve dans les dernières phrases du Journal :
« Mais je ne veux pas mourir mon petit Journal ! Je veux vivre, même si je dois être la seule à rester ici ! Je me cacherai dans une cave, un grenier ou n’importe quel trou jusqu’à la fin de la guerre. Je me laisserai même embrasser par le gendarme qui louche, celui qui nous a pris la farine, pourvu qu’il ne me tue pas, qu’il me laisse vivre ! »
Le Journal d’Eva Heyman est paru en hongrois en 1948, en hébreu en 1964, en anglais en 1974 et en roumain en 1991.


« On est volontiers persuadé d'avoir lu beaucoup de choses à propos de l'holocauste, on est convaincu d'en savoir au moins autant. Et, convenons-en avec une sincérité égale au sentiment de la honte, quelquefois, devant l'accumulation, on a envie de crier grâce.
C'est que l'on n'a pas encore entendu Levi analyser la nature complexe de l'état du malheur.
Peu l'ont prouvé aussi bien que Levi, qui a l'air de nous retenir par les basques au bord du menaçant oubli : si la littérature n'est pas écrite pour rappeler les morts aux vivants, elle n'est que futilité. »
Angelo Rinaldi

« Ce volume est aussi important que la Bible. Un Livre fonda une religion humaniste il y a des millénaires. Un autre Livre raconte la fin de l'humanité au XXe siècle. » Frédéric Beigbeder


Quarante ans après Auschwitz

Gallimard

«C'est arrivé et tout cela peut arriver de nouveau : c'est le noyau de ce que nous avons à dire.»Primo Levi (1919-1987) n'examine pas son expérience des camps nazis comme un accident de l'histoire, mais comme un événement exemplaire qui permet de comprendre jusqu'où peut aller l'homme dans le rôle du bourreau ou dans celui de la victime.Quelles sont les structures d'un système autoritaire et quelles sont les techniques pour anéantir la personnalité d'un individu ? Quel rapport sera créé entre les oppresseurs et les opprimés ? Comment se crée et se construit un monstre ? Est-il possible de comprendre de l'intérieur la logique de la machine de l'extermination ? Est-il possible de se révolter contre elle ?Primo Levi ne se borne pas à décrire les aspects des camps qui restaient obscurs jusqu'aujourd'hui, mais dresse un bilan pour lutter contre l'accoutumance à la dégradation de l'humain.


«... Dans le brouhaha de la boîte de jazz, dans la fumée des cigarettes, nous avions levé nos verres et trinqué à la santé de Walter Bartel.- Rotfront ! s'était écrié Jiri Zak.Et je lui avais répondu : - Rotfront !Front rouge ! C'était le salut des communistes allemands, autrefois, à l'époque sectaire et exaltante, misérable et glorieuse, de la lutte finale et du mot d'ordre apocalyptique : classe contre classe !Beaucoup plus tard, alors que nous commencions à devenir pâteux - mais la musique était à chaque instant meilleure, plus maîtrisée et plus sauvage à la fois -, Jiri Zak s'était penché vers moi, compagnon de mémoire et de beuverie.- Toi qui écris, tu devrais donner une suite au Grand voyage...Il avait dit Grosse Reise, bien sûr : nous parlions en allemand. Il avait lu mon livre en allemand.- Tu devrais raconter la nuit au Revier, à côté de ton Musulman. Tout ce qui va avec...»
Une incroyable histoire vraie, vécue par l'auteur au camp de Buchenwald, en décembre 1944.


Jorge Semprun est mort le 7 juin 2011 à l'âge de quatre-vingt-sept ans. Ce livre réunit les textes lus à l'occasion de l'hommage qui lui a été rendu au lycée Henri-IV à Paris, lieu symbolique où, en février 1939, jeune exilé fuyant la guerre d'Espagne, il fut accueilli avec son frère aîné. Des hommes et des femmes - amis, proches, famille - ont voulu honorer la mémoire de l'écrivain, du scénariste, de l'homme politique, de celui qui s'est toujours battu pour défendre ses valeurs. Claude Landman, Patrice Corre, Edmonde Charles-Roux, Charles Melman, Costa-Gavras, Alain Minc, Christelle Prot, Michel Piccoli, Cécilia Landman, Anne Hidalgo, Felipe González, Ángeles González-Sinde, Frédéric Mitterrand offrent ici un témoignage vibrant sur un homme qui a marqué l'histoire et la littérature.
Jorge Semprun est mort le 7 juin 2011 à l'âge de quatre-vingt-sept ans. Des hommes et des femmes - amis, proches, famille - ont voulu honorer la mémoire de l'écrivain, du scénariste, de l'homme politique, de celui qui s'est toujours battu pour défendre ses valeurs.